Il habite sur sa péniche sur l’Erdre : “Vivre sur un bateau, c’est un cadre incroyable” 

Depuis plus de 30 ans, Jean-Marc Perrault habite avec l’Erdre sous son plancher. Normal, il fait partie des propriétaires de péniches qui longent l’Erdre d’aval en amont.

Dans le centre-ville de Nantes, l’Erdre a été domptée. Son lit détourné dans l’étroit canal Saint-Félix et ses flots maitrisés par l’écluse au même nom.

Mais en amont, si l’on remonte plus loin que le pont de la Motte-Rouge, l’Erdre retrouve son aspect sauvage, jouxtant avec le paysage urbain de l’autre rive.

C’est sous le chant des rouges-gorges et l’ombre des arbres que Jean-Marc Perrault m’invite sur le pont de l’Océan. Son bateau, sa péniche, sa maison. 

Là où se trouvait la cale, l’espace ne manque pas pour trois résidents. ©F.Delacour

Une vie sans remous 

« Je vis sur l’eau depuis trente et un ans. Je travaille sur l’eau, je fais tout sur l’eau. » Autrefois, Jean-Marc était assistant social. Aujourd’hui, il est passeur sur la navette navibus Jules Verne 2 qui opère le passage entre les quartiers de Port-Boyer et du Petit-Port. Et son logement n’est autre qu’une péniche !

« Vivre sur un bateau, c’est un cadre incroyable. On est à la fois en pleine ville et en pleine nature. Et sur l’eau avec toute la faune et la flore qui va avec. » Même si pour cela, il faut faire avec les aléas de l’administratif.

« Comme nous n’avons pas de numéro de rue, ça ne rentre pas souvent dans les cases administratives. Il est quelquefois laborieux de récupérer son courrier », ironise le soixantenaire.

Ce cordage présente toutes les traces d'un écosystème.
Ce cordage présente toutes les traces d’un écosystème. ©F.Delacour

Le coup de cœur 

A la question : « Pourquoi cette envie de vivre avec le pied marin ? » Jean-Marc rétorque un « concours de circonstances. » Une recherche de logement et un cadre de vie onirique au bord de l’Erdre.

La première rencontre avec sa future péniche a eu lieu lors d’une session d’aviron sur le fleuve. Il aperçoit le panneau A vendre sur le bateau. Six mois de réflexion plus tard et après une visite de l’embarcation, « c’est le coup de cœur. »

D’un point de vue financier, une réflexion s’impose. « A l’époque de l’achat, c’était plus abordable qu’acheter dans l’immobilier. Cependant, les coûts d’entretien sont bien plus élevés qu’un appartement ou une maison », constate Jean-Marc. 

En revanche, dans une péniche, raccordée à l’eau, l’électricité et internet, “on a le même confort que sur la terre ferme”, assure le soixantenaire. Son bateau reste à quai la majorité du temps.

Le poste de pilotage.
Le poste de pilotage. ©F.Delacour

Un siècle sur l’Erdre et la Loire 

Arborant une existence quasi centenaire, l’Océan donne une idée des histoires qu’elle peut raconter. « C’est un automoteur. Cette péniche au gabarit breton a été construite en 1931 pour travailler sur le canal de Nantes à Brest. Elle a transporté toute sortes de marchandises, servant jusque dans les années 70, avec l’arrêt du trafic commercial sur le canal. » nous présente le soixantenaire.

"La péniche a été mitraillée par l’aviation alliée mais est restée à flot”
“La péniche a été mitraillée par l’aviation alliée mais est restée à flot.” ©F.Delacour

Durant la Seconde guerre mondiale, l’embarcation fit passer un évadé dans la Résistance. Une autre fois, elle échappe à l’ennemi alors que « l’équipage avait eu vent que les Allemands réquisitionnaient les bateaux de Redon.» La péniche a même été mitraillée par l’aviation alliée ! Aujourd’hui, encore, les impacts de balles sont visibles sur le pont.

Florentin Delacour

Le Fil Info

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