Crise interne au Mémorial de Caen : une situation pesante pour les employés 

À Caen, le Mémorial traverse une situation délicate depuis début octobre. La cause : un procès pour licenciement abusif. Les employés subissent une forte pression.

Le Mémorial de Caen traverse une crise interne depuis début octobre, mettant une forte pression aux employés.
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Au Mémorial de Caen, institution culturelle majeure en Normandie, un climat social délétère s’est installé. À l’origine : des accusations de harcèlement moral, un management jugé toxique et plusieurs licenciements contestés, dont l’un donne lieu à un procès, qui s’est ouvert le jeudi 20 novembre. Le jugement devrait être rendu le 29 janvier 2026. Selon certains témoignages, la direction serait au cœur des critiques. Celle-ci reste silencieuse. Malgré nos sollicitations, le directeur, Kléber Arhoul, n’a pas souhaité répondre à nos questions. 

Marie*, employée du Mémorial travaillant pour la partie culturelle, a accepté de nous parler sous couvert d’anonymat. Elle confie son inquiétude : « La situation depuis quelque temps est très bizarre, je ne sais pas comment elle va évoluer. Les tensions dans le Mémorial sont pesantes. On essaie de ne pas y penser même si c’est compliqué ». Elle poursuit : « Beaucoup de collègues et anciens collègues ont été impactés psychologiquement. C’est dur pour eux, même en dehors du Mémorial », confie Marie, la voix tremblante.

Des accusations qui s’accumulent 

Les témoignages anonymes recueillis par différents médias dessinent un portrait préoccupant : des salariés évoquent des propos rabaissants, des mises au placard, des rétrogradations, et plusieurs départs ou licenciements. Certains ont été placés en arrêt maladie à la suite de stress ou de forte pression psychologique. 

Face à cette situation, la mairie de Caen — directement concernée puisqu’elle exerce un rôle de tutelle — a mandaté une enquête interne. 

Mais des conseillers municipaux dénoncent le manque d’indépendance de cette étude : « Il s’est avéré qu’une nouvelle enquête interne partielle portant notamment sur le management au sein du Mémorial avait des liens avec une entreprise prestataire. Se pose alors la question de l’indépendance et de la sincérité de cette enquête. D’autant plus que cette personne avait caché sa véritable identité en signant l’enquête de son deuxième prénom », lâche Gilles Déterville, conseiller socialiste de la mairie de Caen, pendant le conseil municipal du 17 novembre

Une gouvernance questionnée 

Certaines personnes interrogées dans le cadre de l’enquête pointent du doigt la responsabilité politique dans cette crise. Ils estiment que les élus ont été informés depuis longtemps des dysfonctionnements, mais qu’ils n’ont pas pris de mesures suffisamment fortes. Pour eux, le silence de certaines autorités nourrit l’impression d’un problème structurel, pas simplement managérial. 

Dans une déclaration publique, le maire, Aristide Olivier, assure avoir rencontré une vingtaine de salariés en admettant des doutes soulevés par le personnel sur l’impartialité de l’enquêtrice. L’objectif de l’édile est de faire cesser la souffrance au travail et rendre l’environnement plus serein. 

De son côté, le Mémorial continue de souligner ses succès institutionnels : malgré la crise, le musée affiche une forte fréquentation avec 475 000 visiteurs en 2024 (7% de plus qu’en 2023, soit la troisième meilleure performance depuis l’ouverture). Mais pour les salariés en souffrance, ces résultats masquent une réalité plus sombre. 

Le sujet sera immanquablement au centre des débats du prochain conseil municipal qui aura lieu le 4 décembre prochain. 

Liluan Sérazin

* Nom d’emprunt.

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