Cours d'escrime à Nantes avec les riposteuses
Cours d'escrime à Nantes avec les Riposteuses. Crédit : Ambre Guitton

A Nantes, elles font de l’escrime pour combattre à coups de sabre le cancer du sein

Depuis plus de 10 ans, l’association Solution Riposte propose des ateliers d’escrime aux femmes touchées par un cancer du sein. À Nantes, douze adhérentes se donnent rendez-vous deux fois par semaine au complexe sportif du Petit Port. Par ce sport, elles y trouvent les parades aux coups durs de la vie.

“L’escrime, c’est notre arme pour nous battre contre le cancer.” Au complexe sportif du Petit Port à Nantes, les sabres s’entrechoquent aux rythmes des combats. Habillées de blanc, deux fois par semaine*, douze femmes de tous âges s’arment contre la maladie. “Avec ce sport, je m’extrais du milieu médical, je n’y pense plus.” Stéphanie D. est “riposteuse” depuis 2023. Ce sport, “magique”, comme elle le décrit, lui permet d’ouvrir ses mouvements tout en travaillant ses muscles. Touchée par un cancer du sein, aujourd’hui à 51 ans, elle perçoit les bienfaits de l’escrime sur son corps. 

En garde, parades et ripostes permettent aux escrimeuses de faire travailler l’épaule et le torse sans s’en rendre compte. Créée en 2011 à l’initiative de la docteur Dominique Hornus-Dragne, Solution Riposte allie l’escrime et la médecine, avec pour ambition d’adapter ce sport pour qu’il devienne une thérapie non médicamenteuse. Grâce aux questionnements des professionnels de santé et à l’expertise des maîtres d’armes, le projet a évolué pour devenir un outil reconnu dans le soin des patients. Parmi les trois armes utilisées en escrime – le fleuret, l’épée et le sabre – c’est ce dernier qui a été choisi afin d’éviter l’utilisation de la pointe, qui pourrait exercer une pression sur les cicatrices après l’opération du cancer.

Escrimeuse de Nantes
Un stage aux Sables-d’Olonne de trois jours est aussi proposé et renforce les liens sociaux entre les femmes des clubs de France. Crédit Photo : Ambre Guitton

“On se bat contre la maladie avec notre arme”

Ce sont surtout les sourires et la joie des participantes, des femmes en lutte contre le cancer, qui incarnent l’esprit de cette initiative. Une bonne ambiance que souligne Gaële B., 52 ans, qui a affronté trois cancers. “Il y a une vraie cohésion de groupe, c’est essentiel à la reconstruction.” Si la bonne ambiance est au cœur du petit groupe, c’est avant tout grâce à une phrase clé : se sentir en sécurité. 

Débutante, avancée, intermédiaire : aucun niveau n’est requis pour se joindre aux ateliers. 

Françoise O., 80 ans, n’a par exemple pas attendu la maladie pour manier le fleuret. Elle a pratiqué l’escrime depuis son enfance et a retrouvé ce sport comme une évidence en pleine lutte contre le cancer. “On se bat contre la maladie avec notre arme, on ne se laisse pas faire.” Pour certaines, ce sport est même plus efficace que la kinésithérapie. Des “riposteuses” que rien n’arrête et ce même quand la maladie contre-attaque. “Je viens malgré les rechutes, car je veux en profiter jusqu’au bout. J’ai besoin de cette riposte, de frapper cette maladie”, raconte Marie-Paule T., 67 ans, grâce à l’entraînement sur mannequin qui a pu visualiser son combat et l’extérioriser.

Equipe des riposteuses de Nantes
Crédit Photo : Ambre Guitton

“Elles m’impressionnent”

À leurs côtés, Bastien Ermine est maître d’armes et encadre depuis plus de trois ans le groupe de Nantes. “Elles m’impressionnent, confie-t-il. Elles viennent ici pour combattre, pas pour subir. Je n’ai que 23 ans, c’est très enrichissant d’être entouré par ces femmes courageuses.” Il observe l’évolution de ces femmes et leur détermination à se reconstruire. “On les accompagne à leur rythme, sans pression, en assurant une sécurité émotionnelle.”

Aujourd’hui, plus de 110 salles d’armes proposent de l’escrime adaptée à d’anciennes malades du cancer du sein. Une discipline qui permet non seulement de travailler la souplesse et la force, mais aussi de reprendre confiance en soi. En France, elles sont plus d’un millier à avoir choisi l’escrime comme arme contre le cancer. 

L’atelier se termine. Les “Riposteuses” se rassemblent en cercle, prêtes à faire le salut “Ciel-homme-terre”. “En garde – Prêt – Allez.” Ici, pas d’arbitre pour diriger le combat à l’aide de commandements. Les combattantes dirigent leur combat avec leur sabre.

Ambre Guitton

* lundi de 10h à 11h30 et jeudi de 17h30 à 19h

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