Bientôt, tous les étudiants pourront bénéficier du repas à 1€ du Crous, c’est le projet de loi proposé par les députés socialistes et adopté par l’assemblée nationale jeudi 23 janvier.
D’après une récente enquête de l’Ifop, 36% des étudiants déclarent sauter des repas par manque d’argent et 20% vivent sous le seuil de pauvreté. En plus de toucher aux domaines menstruels, de la santé et de la santé mentale, du logement, etc., la précarité étudiante empêche une grande partie des étudiants de manger à leur faim.
La proposition de loi et ses adhérents
Afin de lutter contre la précarité alimentaire des jeunes, un texte de loi proposant d’élargir les repas à 1€ à tous les étudiants a été adopté à l’assemblée nationale par une large majorité de députés. Elle doit maintenant être promulguée par le Sénat. Une proposition de loi du parti socialiste proposée par la députée Fatiha Keloua-Hachi. Au total 149 députés ont voté pour, 5 ont voté contre et 19 se sont abstenus . La gauche est majoritairement pour, évoquant la nécessité de favoriser l’émancipation des étudiants. Le parti présidentiel, lui, a voté contre considérant le projet de 90 millions d’euros jugé trop cher. “J’ai appris que le budget du projet était de 90 millions, et honnêtement, ce n’est pas une mesure qui va impacter économiquement le pays”, constate pourtant Alae, 19 ans, étudiant à Audencia. Il y a deux ans, cette proposition de loi avait été rejetée à une voix près en février 2023. “Dans un certain sens, c’est quelque chose de positif car cela permet à des gens qui ne sont pas forcément boursiers d’avoir un repas à 1€. Mais manger est un besoin vital qui devrait être garanti par le service public.” En effet, pour Théo, 19 ans, “on devrait être capable de fournir un service public de gratuité des services de restauration. Donc il est évident que les aides existantes ne sont pas suffisantes, ça ne devrait même pas être une question”.
Une mesure qui n’en est pas à son coup d’essai
C’est une mesure qui avait déjà été prise lors de la crise du Covid-19. Les étudiants boursiers avaient pu bénéficier, à la rentrée 2020, de repas à 1 euro dans les restaurants universitaires du Crous.
Le gouvernement avait étendu cette mesure à l’ensemble des étudiants entre janvier et août 2021. Depuis, seuls les étudiants boursiers et les étudiants en situation de précarité bénéficient de ce tarif à 1 euro (contre 3,30 euros pour le tarif normal). Ce qui est dommage pour Zia, 20 ans, étudiante à Nantes université car “il y a beaucoup de précarité même sans forcément toucher de bourse parce qu’il y a beaucoup de critères pour y accéder”. De plus, même les détenteurs de la bourse constatent qu’elle n’est pas suffisante pour couvrir tous les frais de la vie étudiante comme nous le partage Martin, 19 ans, étudiant à Nantes Université : “Ce n’est pas suffisant, même avec un travail à côté et même à l’échelon maximum, c’est 630 € je crois, ce n’est pas suffisant.”
Cependant, il ne faut pas oublier que le repas à 1€ ne reste qu’une mesure évidente qui ne devrait même pas être l’objet d’un débat étant donné qu’elle répond à un besoin vital. “Je suis content que le repas passe à 1€ pour tout le monde mais il ne faut pas arrêter de lutter, explique Gabin, 20 ans. Le Crous se fait énormément de bénéfices sur d’autres choses, notamment les habitations, c’est ce qui leur rapporte le plus. C’est censé exister pour aider les étudiants et finalement c’est juste une espèce d’entreprise capitaliste comme les autres.”
Léa Robert et Anne Le Goff