Consultation médicale. Source : Pexels

Revue de presse : Loi Veil, 50 ans de combat

Il y a cinquante ans, le 17 janvier 1975 la loi Veil était promulguée. Portée par Simone Veil, figure emblématique des droits des femmes, la loi permet à toute femme enceinte de demander à un médecin ou à une sage-femme l’interruption de sa grossesse sans avoir à fournir de justification.

Au fil des années, de nouvelles lois vont peu à peu assouplir les conditions pour l’interruption volontaire de la grossesse (IVG). En mars 2024, la reconnaissance de ce droit culmine avec l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Elle inscrit ainsi définitivement dans le droit français la liberté des femmes d’avorter. La presse revient sur cette date clé et sur la situation actuelle. Décryptage avec le revue de presse ADN

Un combat toujours d’actualité

En cinquante ans, les conditions et les moyens mis en place ont évolué. Une avancée qui est le fruit d’un combat de femmes pour arriver à ce résultat. Dans son article, France 24 évoque la lutte actuelle d’un collectif féministe, artistique et politique demandant la réhabilitation des femmes condamnées pour avortement avant 1975 et celles décédées des suites d’avortements clandestins.

Dans une tribune, les signataires, dont Annie Ernaux et Anne-Cécile Mailfert, appellent à restaurer leur dignité et leur place dans l’Histoire des droits des femmes. Elles proposent la création d’une commission indépendante pour reconnaître ces injustices, s’inspirant d’une loi récente sur la réparation des discriminations envers les personnes homosexuelles. Ce geste est présenté comme une réponse forte face aux reculs mondiaux sur le droit à l’IVG.

50 ans après, une parole libérée

L’article de France Info revient sur les témoignages de médecins et militants qui ont pratiqué des avortements clandestins avant la promulgation de la loi Veil. À cette époque, les femmes enceintes involontairement étaient confrontées à des choix dangereux : avortement illégal, automutilation ou recours à des “faiseuses d’ange”, souvent dans des conditions déplorables. Ces pratiques entraînaient des risques physiques et psychologiques graves, aggravés par la stigmatisation médicale.  

Des militants comme René Frydman et Annie Chemla ont œuvré pour la légalisation, utilisant des méthodes plus sûres comme la méthode Karman. Bien que la loi Veil ait marqué un tournant historique, elle était initialement limitée (coût élevé, restrictions pour les mineures et les immigrées). L’article souligne aussi la solidarité et l’engagement qui entouraient ces pratiques, malgré leur clandestinité. 

Avorter en 2025 

Si la situation s’est améliorée, il resterait encore du chemin à parcourir selon Ouest-France. Dans son article, le quotidien évoque une situation encore délicate pour les femmes, qui seraient toujours freinés dans l’accès à l’avortement. Plusieurs facteurs sont à l’origine tels que les déserts médicaux : avec le manque de personnel, la clause de conscience ou encore l’absence d’un répertoire des soignants pratiquants l’IVG. Aujourd’hui, le nombre annuel d’IVG en France a atteint plus de 242 000 en 2023 selon l’Ined. Cela représente un avortement pour trois naissances.

Une vision différente ?

Même constat pour le média Slate, qui évoque la façon dont est perçu l’avortement dans la société. Cinquante ans plus tard, l’avortement est encore décrit comme un drame, un acte traumatique pour les femmes. Le média souligne néanmoins qu’une femme sur trois n’a pas ressenti l’avortement comme choquant. L’image d’un acte traumatisant serait entretenu par la presse, la politique ou même la fiction. Slate et leur invitée sociologue spécialisé sur l’avortement, évoquent la vision tragique des femmes qui ont recours à l’IVG sur grand écran : « la fiction porte encore des discours qui font de l’avortement ‘un drame’, avec des femmes qui regrettent, qui culpabilisent, qui souffrent, qui sont traumatisées, etc ». 

Ambre Guitton

Le Fil Info

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