A Nantes, le festival Hip Opsession célèbre la culture Hip – Hop depuis vingt ans

Avec son festival célébrant la culture Hip-hop, Nantes va vibrer pendant un mois pour fêter les 20 ans de cet événement iconique. Nicolas Reverdito, directeur de Pick Up Production et du festival revient sur la genèse du projet et l’évolution d’un festival faisant partie de l’identité culturelle de la ville. Des block parties aux concerts, en passant par les fameux battles, la métropole ligérienne est devenue un laboratoire créatif où le hip-hop s’impose bien plus qu’une simple tendance.

le hip opsession fête ses 20 ans
Le festival fête ses 20 ans (Photo: David Gallard – Clack)

Du 7 avril au 18 mai, le festival Hip Opsession tiendra la cité des ducs en haleine avec les prouesses de danseurs, les performances des chanteurs ou encore le talent de graffitis artistes.

L’histoire de Hip Opsession commence en 2005. Le hip hop est en pleine expansion, mais les espaces pour le mettre en lumière, à Nantes comme ailleurs, sont rares. « Ce n’était pas spécifique à Nantes, c’était un manque global de reconnaissance des pratiques artistiques hip hop », se souvient le fondateur Nicolas Reverdito. L’objectif est clair : donner un porte-voix aux artistes, visibiliser cette culture encore marginalisée dans les programmations classiques. « Il y avait beaucoup d’artistes émergents, mais peu de lieux pour les accueillir. Le festival est né de cette envie de créer un espace de diffusion et de découverte. » ajoute-t’il.

20 ans de passion

Deux décennies plus tard, celui qui a lancé le festival ne l’a jamais quitté. Au fil des ans, Hip Opsession a évolué, testant différents formats : printemps, hiver, deux éditions par an… En 2019, un tournant s’opère avec le « Reboot », scindant le festival en deux temps pour mieux explorer la richesse des disciplines. Mais ce double format, fragilisé par le Covid et des contraintes économiques, sera abandonné en 2024.

Un festival pionnier et fidèle à ses valeurs

Si le rap est aujourd’hui omniprésent, la culture hip hop, elle, s’est quelque peu fragmentée. « Les artistes se spécialisent : les breakers font du break, les rappeurs du rap. Il y a moins de transversalité qu’à nos débuts » raconte Nico Reverdito. Une évolution sociétale autant qu’artistique, que le festival observe sans renier son ambition de rester pluridisciplinaire comme l’énonce son président : « On est l’un des derniers festivals à réunir toutes les disciplines, c’est important de garder cette unité. »

Des anecdotes qui marquent l’histoire

Le fondateur n’est jamais avare en souvenirs. Comme cette après-midi de 2007 où un jeune Hollandais de 18 ans, sans billet, attendait devant le Lieu Unique. « Il avait pris la route depuis les Pays-Bas avec ses potes pour tenter les qualifs. On l’a fait rentrer. » se souvient le directeur du festival. Ce jeune danseur, c’était Just Do It, aujourd’hui figure internationale du break. « C’est ça, l’esprit des battles : la passion, le déplacement, la rencontre » énonce Nico Reverdito.

Côté concerts, certains moments restent gravés. « Onyx… Ils ont retourné la scène. Onyx, c’était dingue : pas comme ces groupes qui venaient en touristes. Ils ont tout donné à l’Olympic à l’époque » dit le directeur mais aussi programmateur. Et puis il y a eu Vald, qui, avant d’exploser à l’échelle nationale, est passé plusieurs fois par le Hip Opsession. « On l’a eu juste avant qu’il pète. C’est ça aussi Hip Opsession : flairer les pépites avant qu’elles ne deviennent des têtes d’affiche » assure le fondateur du festival.

Un modèle fragilisé par les coupes budgétaires

Malgré la reconnaissance, le festival n’échappe pas aux réalités financières. Une coupe régionale de 30 000 € a obligé l’équipe à annuler le traditionnel QG du festival, espace d’expositions, de débats et d’actions culturelles. « Ce sont les propositions gratuites, l’accessibilité, les ateliers avec les publics éloignés qui en pâtissent. C’est ce qui fait pourtant l’âme d’un projet culturel » dit Nico Reverdito.

La Block Party, cœur battant des 20 ans

Pour célébrer cet anniversaire comme il se doit, une Block Party géante aura lieu le 8 mai sous les Nefs. Fresques, graffiti, battles de danse, de beatbox, concerts de Chilla et Grand Bruit : une journée pour faire rayonner l’esprit du festival. « C’est l’occasion de montrer ce qu’est Hip Opsession : pluridisciplinaire, festif, familial » assure-t’il.

Alors que les 20 bougies viennent à peine d’être soufflées, l’équipe pense déjà à l’édition 2026. « On est en pleine réflexion. Ce qui est sûr, c’est qu’on reviendra à une édition plus condensée. On a besoin de vivre ce 20e anniversaire pour décider comment évoluer. » dit Nicolas Reverdito.

Jonathan Aubineau

Le Fil Info

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