L'historien Alain Croix, amoureux de la Bretagne, estime que le sentiment nantais d'appartenance à la Bretagne est relativement récent.

Alain Croix : « À Nantes, le sentiment d’identité bretonne est très récent »

Nantes, aujourd’hui capitale des Pays de la Loire, a longtemps été l’une des villes éminentes de la Bretagne. L’historien Alain Croix revient sur le lien historique entre la cité des Ducs et cette région.

Depuis 1941, la Loire-Atlantique n’est plus bretonne. Pourtant, aujourd’hui les tentatives pour la réunification entre le département et la région se multiplient. Le retour du drapeau breton devant la Mairie de Nantes depuis le lundi 9 décembre est un exemple parmi tant d’autres. Depuis son arrivée, la maire Johanna Rolland souhaite remettre les enjeux bretons au cœur de la ville. Durant ses mandats, elle a même ajouté une nouvelle délégation : celle des enjeux bretons.

L’historien spécialiste de la Bretagne, Alain Croix, revient sur cette histoire entre Nantes et la culture celte. D’abord très hostiles envers les Bretons, Nantes s’est ensuite créée une réelle identité bretonne.

Les Bretons, immigrés à Nantes

Le spécialiste recontextualise le lien entre la région et la ville. « Tout d’abord, la Bretagne est française depuis l’édit d’Union en 1532 Si à l’époque Nantes abrite le château des Ducs de Bretagne, l’une des résidences des ducs de la région, la ville est cependant hostile aux Bretons immigrés. L’homme originaire du Nord assure : « Les Bas-Bretons, ceux qui venaient de l’Ouest de la Région étaient mal vus car ils parlaient leur dialecte breton. Ce n’était pas le cas des Bretons de l’Est comme à Rennes et Nantes. » 

Selon lui, ces Bas-Bretons étaient considérés comme des ethnies à Nantes. Citant des ouvrages dans lesquels il a participé, il explique : « Par exemple, l’adjoint au Maire de Nantes en 1851 évoquait une “horde de nomades” et des “quartiers infectés”. Cela montre le dédain et le racisme des Nantais envers les Bretons à l’époque ! » Puis, l’Eglise catholique a aussi créé le schisme entre Nantes et la région. « En 1859, l’Église a séparé la ville de la région en la rattachant à l’archevêque de Tours », assure l’historien. Pour lui, c’est la preuve que toutes les branches de la population étaient hostiles aux Armoricains. 

Au final, à la fin du XIXe siècle, l’immigration bretonne représentait près de 10% de la population nantaise. 

Un rattachement à une nouvelle région

C’est au XXe siècle que Nantes va quitter administrativement la Bretagne. Le Nantais déclare : « Tout le monde pense que c’est Pétain qui a retiré la Loire-Inférieure de la région mais il était, en fait, favorable à une région à cinq départements. C’est finalement le Conseil national en 1941 qui a rompu le lien administratif entre Nantes et le pays breton ».

Par la suite, l’opinion sur les Bretons a évolué.  « Après la Guerre, l’image de la Bretagne a changé, c’est devenu une région riche culturellement avec un bon développement économique. C’est à partir de ce moment-là qu’une identité culturelle bretonne est née à Nantes. C’est très récent », affirme l’historien. Cette réaffirmation se concrétise avec notamment l’organisation de festivals, comme le Festival interceltique de Lorient en 1971. Pour lui, cette identité d’aujourd’hui pourrait n’être qu’éphémère, en fonction de l’attractivité de la Bretagne.

Depuis, Nantes et la Loire-Atlantique ont été rattachées à une nouvelle région en 1972 : les Pays de la Loire. Mais, Alain Croix conclut : « S’il y a désormais une identité bretonne, il n’y a pas d’identité ligérienne, car ce n’est pas une région historique ! »

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