Le phénomène touche la France entière. En Loire-Atlantique, l’espèce aurait vu sa population tripler ces dix dernières années. Retour sur les causes de cette multiplication fulgurante.
Dans un article de Ouest-France sur le sanglier, les chiffres alarmants se succèdent. On y apprend que sa population aurait triplé sur la dernière décennie en Loire-Atlantique. Cela n’a pas échappé à son bourreau humain dont le tableau de chasse gonfle d’année en année. « Nous recevons bien plus d’appels d’agriculteurs qu’avant. Ils espèrent qu’on les délivre du ou des sangliers qui dégradent leurs parcelles », déclare Pierre Guitton. Le chasseur de La Meilleraye-de-Bretagne sait bien pourquoi l’espèce prolifère.

« Elle dispose du gîte et du couvert »
« La première cause de cette multiplication est le réchauffement climatique. Les anciennes températures emportaient les marcassins trop faibles, malades ou blessés », affirme le chasseur de 25 ans. Il poursuit : « Avec ce temps plus clément, les sangliers peuvent se nourrir toute l’année. Le gel, plus rare à présent, les empêchait de fouiller la terre pour manger des vers par exemple. »
Mangeant plus et réalisant qu’elles ne vont pas manquer, les femelles accouchent de plus grandes portées. « Elles sont passées de cinq voire huit marcassins à huit, douze et parfois plus », constate Pierre Guitton. Le nombre de portées augmente aussi. Il est passé d’une à deux par an.
Les grands champs de maïs ou de colza deviennent le terrain favori des sangliers. L’espèce s’y nourrit et s’y cache. « Elle dispose du gîte et du couvert. On ne peut pas tirer sur ces cultures hautes en espérant avoir fait mouche, c’est trop dangereux », reconnait le chasseur.

La bête intelligente échappe pour l’instant à Pierre Guitton et la société de chasse de La Meilleraye-de-Bretagne. Sur les sept battues organisées depuis le début de la saison, un sanglier a été touché mais il a réussi à s’enfuir.
L’Homme et le chasseur en partie responsables
Les êtres humains s’étalent. Conséquence : les zones pavillonnaires se multiplient, celles déjà présentes s’élargissent. Cela restreint les aires de chasse et donc la régulation des espèces. Les chasseurs peuvent se plaindre cependant, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) n’a pas manqué de rappeler qu’ils ont contribué à la prolifération des sangliers :
« Dans les années 1960, la base de la chasse était le petit gibier. Mais celui-ci s’est effondré. Donc, les chasseurs se sont tournés vers le gros gibier. Le sanglier a été une sorte de bénédiction, les chasseurs ont fait ce qu’il fallait pour augmenter les populations. Si l’on épargne les grosses femelles, qui font plus de petits, la population s’installe rapidement. » Aux chasseurs de se rattraper donc ? Difficile de ne pas faire le parallèle avec Hercule qui effectue douze travaux, dont la capture d’un sanglier, pour expier sa faute !
Par Clément Brevet