À l’occasion du cinquantenaire du pont de Saint-Nazaire, le musée de la Marine du fort de Mindin à Saint-Brevin-les-Pins propose une exposition temporaire riche en archives, maquettes et témoignages. Une plongée dans l’histoire d’un géant d’ingénierie qui a transformé l’estuaire de la Loire et marqué durablement les esprits
Le 18 octobre 1975, l’estuaire de la Loire entre dans une nouvelle ère. Ce jour-là, le pont de Saint-Nazaire est ouvert à la circulation, mettant fin à l’activité des trois bacs qui reliaient quotidiennement les deux rives.
Haut de 61 mètres et long de 3 356 mètres, ce pont à haubans, l’un des plus grands d’Europe à l’époque, relie Saint-Nazaire à Saint-Brevin-les-Pins. « On l’a vite surnommé “le soutien-gorge” parce qu’il relie les deux saints : Saint-Nazaire et Saint-Brevin-les-Pins », plaisante Hervé Perrin
Mais l’ouverture du pont ne se fait pas sans remous. « Le pont a été ouvert, mais sans cérémonie officielle : le climat était trop tendu pour une inauguration.», rappelle Hervé Perrin, conservateur du musée. En cause : le péage de 18 francs, bien supérieur au tarif du bac, qui suscite la colère des ouvriers des chantiers de l’Atlantique et des habitants. Ce matin-là, 2 000 personnes manifestent sur le pont.
Une exposition pour transmettre et comprendre
L’exposition, visible depuis le 2 mai et qui finit le dimanche 28 septembre, retrace cette histoire à travers des documents d’époque, des maquettes et des témoignages. « On a voulu faire cette exposition pour évidemment célébrer les 50 ans du pont mais surtout parce qu’on a vu que personne n’avait eu l’initiative d’en faire une », explique Hervé Perrin.
Les visiteurs, jeunes et moins jeunes, découvrent avec étonnement les techniques de construction de l’époque. « Ce qui les marque surtout, c’est le principe de construction du pont, parce que 50 ans après, il n’y a pas grand monde qui se souvient de comment ça s’est passé », ajoute-t-il.
Parmi les pièces exposées, une réalisation en béton des apprenants du BTP CFA de Saint-Brevin-les-Pins, livrée début juillet, vient enrichir l’exposition. Un hommage concret à l’ingénierie et à la transmission des savoirs.
Un patrimoine à préserver
Aujourd’hui, le pont de Saint-Nazaire nécessite des travaux importants. « À l’heure actuelle, il faudrait environ 30 à 40 millions pour le remettre en état comme il faut », alerte Hervé Perrin. Les discussions entre le Département, la Région et l’État sont en cours pour déterminer qui financera les rénovations.
« Il existe quelques solutions, soit on remet un péage, soit on limite le tonnage, soit on supprime encore une voie… Il n’y a rien de vraiment satisfaisant dans les options, donc il faut trouver le financement pour le remettre en état », précise-t-il.
Le musée, animé par une douzaine de bénévoles, conserve précieusement les archives et maquettes, dont 95 % ont été réalisées par les pères fondateurs. « Tous ces trésors, c’est des choses que des gens nous amènent ou alors c’est ce que nous ont laissé les pères fondateurs du musée », confie Hervé Perrin.
À partir de mai prochain, le musée fera peau neuve avec une toute nouvelle exposition, poursuivant sa mission de mémoire et de transmission.
MARAIS Louen