L’économie, un enjeu nuisant à la liberté de la presse à Nantes

En 2012, seule 58 % de Français considérait la liberté d’expression et de caricature comme un droit fondamental. Aujourd’hui, ils sont 76 %. Crédit : Pixabay

Les enjeux économiques qui pèsent sur les médias locaux peuvent parfois compromettre leur indépendance. Cela entraîne des risques d’auto-censure et d’atteintes à la liberté de la presse. 

Dix ans après les attentats de Charlie Hebdo, la liberté de la presse, valeur fondamentale dans toute démocratie, est toujours dans les débats avec des enjeux économiques locaux, comme dans la région nantaise.

Dans les petites communautés, les liens entre la presse et les entreprises locales sont souvent étroits. Ces relations peuvent nuire à l’indépendance éditoriale des médias. 

45 % des revenus des journaux locaux proviennent des publicités

Alors que les ressources des médias locaux sont de plus en plus limitées, la publicité joue un rôle crucial.

Selon l’Observatoire de la presse, 45% des revenus des journaux locaux proviennent des publicités. Une grande partie est assurée par les entreprises locales.  

“Nos plus gros points de vente étaient les supermarchés du coin. Mais quand il y avait des gens qui venaient se plaindre de ces derniers par rapport à des produits périmés ou autres, on donnait en relecture nos papiers” explique Nicolas Le Port, ancien journaliste pour l’écho d’Ancenis pendant 10 ans.

“Après rédaction, le rédacteur en chef les bottaient en touche de peur d’avoir un chiffre d’affaires en baisse. Donc à la fin, on s’auto-censurait lorsqu’on devait écrire un papier sur ces entreprises”, conclut le journaliste.

La censure, un mal insidieux 

L’auto-censure peut être un frein à l’indépendance rédactionnelle. Lorsque des journalistes hésitent à enquêter sur des affaires sensibles, l’intégrité de l’information est mise en péril.

D’après l’Acrimed, 32% des journalistes locaux avouent avoir été contraints à se censurer en raison de pressions financières ou commerciales.  

Un autre journaliste, travaillant pour un journal local fonctionnant grâce aux annonces légales, souligne également cette fragilité : “si une grosse affaire sur une des boîtes qui nous prend des pubs dans nos journaux éclate, il ne faudra surtout pas écrire un article dessus si on veut que notre chiffre d’affaires ne chute pas.”  

L’avenir de la presse locale : une question de modèle économique 

La question qui se pose alors est celle de l’avenir de la presse locale : comment garantir une information libre tout en assurant une sûreté économique des médias ?

Reporters sans frontières a annoncé que la presse locale vit une crise sans précédent avec une baisse de 30% des recettes publicitaires entre 2010 et 2020 dans leur rapport “Press and Money”.

Face à cette situation, plusieurs solutions sont envisagées. Diversification des revenus (abonnements numériques, financements publics, etc.) ainsi qu’une réflexion sur l’indépendance rédactionnelle. 

Liluan Sérazin

Le Fil Info

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