Les Apéros de la Mort, des discussions autour de ce sujet tabou.

Les apéros de la mort : un concept pour briser les tabous du deuil

Les Apéros de la Mort existent depuis 5 ans. Ils ont pour objectif d’organiser des rencontres conviviales partout en France, y compris à Nantes, afin d’aborder la fin de vie de manière ouverte et décomplexée.

“Tout le monde peut venir”, affirme Marine Nina Denis, bénévole pour l’association les Apéros de la Mort. L’important pour la structure est de libérer la parole dans l’espace public, autour d’un verre, plutôt que dans des lieux dédiés. La mort est un sujet complexe à aborder. Pour preuve une étude menée en mars 2022 par l’institut DELA, société spécialisée en funérailles, 67 % des 1 000 personnes interrogées l’admettent. “C’est rare de s’asseoir autour d’un café en famille et d’aborder ce sujet”. L’un des objectifs du concept est donc de lever les tabous associés à la mort.

Marine Nina Denis est arrivée en tant que bénévole dès la création du projet il y a cinq ans. Au-delà du simple concept, elle apprécie l’idée de se rassembler pour parler de la mort, et de ne pas limiter ces discussions aux seules personnes endeuillées. Le public est très diversifié, “Il n’y a pas de profil type, avec des participants allant de 16 à 80 ans”. Elle précise que si la majorité est composée de personnes endeuillées, ce n’est pas systématique. Les discussions rassemblent généralement une quinzaine de participants, et la plupart sont des femmes. 

“Les gens ressortent plus légers, souvent avec le sourire.”  

Lors des apéros, des médiateurs et médiatrices sont présents, comme Marine Nina Denis. Son rôle est de s’assurer que tout se passe bien lors des apéros de la mort, et de garantir que chacun puisse s’exprimer dans le respect de la parole et des croyances de l’autre. “Au fur et à mesure, les personnes deviennent moins fermées, et une atmosphère de détente s’installe, les gens ressortent plus légers, souvent avec le sourire”. Ces rencontres, que Marine Nina Denis qualifie de riches en échanges et en dialogues, aident également à lutter contre la solitude. Parfois, les participants ne prennent pas la parole. “Certains me disent que ça leur a fait du bien de simplement écouter les autres”. Bien que la mort soit le thème principal au départ, les discussions dévient souvent vers d’autres sujets : “On finit par parler de tout et de rien.” C’est un moment propice au partage, mais aussi à l’écoute, où la parole se libère. “Ce n’est pas seulement triste”.  

“Les gens ressentent un besoin profond de parler de la mort. Parfois, ils manquent d’écoute, notamment lorsque leur proche est décédé depuis un certain temps, puisque les autres préfèrent tourner la page et ne souhaitent pas aborder ce sujet.” Nina Denis estime également que ” Les proches n’ont pas toujours la même vision des choses et, souvent, ils n’ont pas su leur offrir l’écoute qu’ils recherchaient”. Quant aux personnes qui ne sont pas endeuillées, il leur est difficile de parler de la mort. Les apéros rencontrent un grand succès à Nantes, où ils sont régulièrement complets. Le prochain apéro aura lieu le 6 février 2025 à Couëron.

Jade Béguin.

Le Fil Info

Autres articles