Cancer colorectal : “si on dépiste tôt, dans 9 cas sur 10, on guérit les patients”
Chaque année, 17 000 personnes décèdent du cancer du côlon.

Cancer colorectal : “Si on dépiste tôt, dans 9 cas sur 10, on guérit les patients”

En mars 2025, la France se mobilise avec la campagne Mars Bleu pour sensibiliser à la prévention et au dépistage du cancer colorectal. Nicolas Musquer, gastro-entérologue à la clinique Santé Atlantique, nous éclaire sur ce cancer et l’importance du dépistage.

Qu’est-ce que le cancer colorectal ? Quels sont ses symptômes ? 

Le cancer colorectal est l’un des cancers les plus fréquents. C’est le premier cancer digestif et le troisième cancer en termes de fréquence. Chaque année, il y a 47 500 nouveaux cas en France. C’est un cancer assez meurtrier avec 17 000 décès par an. Il y a plusieurs types de patients : le patient asymptomatique avec aucun antécédent familial. Il fera le dépistage qui est proposé à 50 ans.

Et les patients avec symptômes et des antécédents de polype ou de cancer du côlon dans la famille, qui ne font pas le dépistage et vont directement à la coloscopie.

Ces personnes-là peuvent avoir comme symptômes : du sang dans les selles, des problèmes de transit inhabituels (diarrhée ou constipation), douleur abdominale et perte de poids. Dans ces cas-là, il faut aller voir son médecin, qui va renvoyer le patient chez un gastro-entérologue

Est-ce qu’il y a des facteurs extérieurs aux antécédents familiaux qui peuvent causer un cancer colorectal ? 

Oui, il y a forcément des facteurs de risque par rapport à notre mode de vie occidental. La consommation moindre de légumes et de fruits, une forte consommation de viande rouge et de produits ultra-transformés, mais aussi le manque d’activité physique, l’alcool, l’obésité et le tabac sont les facteurs de risque les plus importants.

Évidemment, ce n’est pas parce qu’un patient déclenche l’un de ces critères qu’on va lui faire faire un test de dépistage plus tôt. À noter que les facteurs de risques alimentaires sont très difficiles à identifier, il faut que le patient soit à 100 % honnête sur ce qu’il consomme. 

Est-ce un cancer qui touche plus les hommes ou les femmes ? 

On entend souvent dire que le cancer colorectal est un cancer masculin, mais c’est faux. Le rapport entre femme et homme est quasiment égal. Il y a une prédominance masculine, mais avec le temps, on remarque que l’écart a tendance à se réduire. Il y a moins d’hommes touchés et plus de femmes.  

Quel est l’objectif de Mars bleu ? 

Mars bleu, c’est une campagne de dépistage du cancer du côlon. Ça correspond un peu à Octobre rose pour le cancer du sein. On veut sensibiliser car ce qui est paradoxal, c’est que peu de personnes se font dépister, alors que c’est un moyen efficace, gratuit et rapide de prévenir.

Par exemple, en Loire-Atlantique, 40 % de la population se fait dépister quand il est proposé, donc 60 % de la population ne fait pas de test. Il y a plusieurs raisons à cela : ils n’ont pas envie, ils ont peur, ils ne connaissent pas. Il y a aussi cette relation avec les excréments qui est toujours taboue. C’est pour cela qu’on fait une campagne, pour informer le grand public. Il faut savoir que si l’on dépiste tôt, dans 9 cas sur 10, on guérit les patients. 

Et est-ce que la campagne fonctionne ? 

C’est encore un peu moins connu qu’Octobre Rose, c’est pour cela que l’on poursuit nos efforts. Il y a tout de même des améliorations dans notre processus. Auparavant, le test de dépistage était beaucoup plus compliqué et il rebutait pas mal de patients. Maintenant, le test est beaucoup plus simple, il est acceptable pour la population générale. C’est pourquoi, la campagne permet de vulgariser ce test, leur montrer comment ça fonctionne et mettre l’accent sur les avantages. 

Quels sont les événements organisés dans Nantes Métropole ? 

Cette année, Nantes métropole organise plusieurs actions dans les établissements de santé (publics et privés). Par exemple, à la clinique Santé Atlantique, il y a des rencontres avec le grand public. Dimanche dernier, les gastro-entérologues ont aussi couru une course de 10 km à Orvault, toujours dans l’optique de sensibiliser au dépistage.

Que ce soit au CHU ou à la clinique Jules Verne, des ateliers et des conférences sont aussi organisés. Nous sommes aussi beaucoup aidés par la Ligue contre le cancer et un élément institutionnel : le CRCDC (Centre régional de coordination des dépistages des cancers). Ces deux organisations proposent également des actions internationales. 

Où peut-on trouver des kits de dépistage ?

On peut se procurer des kits de dépistage très simplement maintenant. Chez votre médecin, les pharmacies et les gastro-entérologues. Mais on peut le retrouver aussi sur un site internet : monkit.depistage-colorectal.fr. L’objectif est toujours le même : l’accessibilité du test pour faire baisser le taux de mortalité. 

Laure Brizard

Le Fil Info

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