Les yeux du stade : un journaliste raconte son OM


Supporter depuis l’enfance, Jimmy Comte couvre l’OM pour BFM Marseille-Provence. Entre passion intime et rigueur professionnelle, il raconte ce que représente le fait de travailler au cœur du club le plus incandescent du pays.

A 31 ans, Jimmy combine ses deux passions : le journalisme et l’Olympique de Marseille. Retrouvé devant la Commanderie (lieu des entraînements des olympiens) pour une interview | Crédit photo : Matthieu Crouigneau

L’OM fait pleinement partie de votre quotidien…

Oui, il ne se passe pas un jour sans que je suive l’actualité du club. Ici, tout prend une dimension particulière. Le moindre sujet lié au club fait grimper l’audience. On anime une émission qui s’appelle Virage Marseille au cours de laquelle les supporters débattent en plateau. C’est une vraie responsabilité, parce que chaque mot est attendu. Ce qui rend le travail particulier, c’est que je le fais avec passion. On garde la distance nécessaire, mais à Marseille, même en restant professionnel, ton cœur reste un peu ciel et blanc, obligatoirement.

Quel est ton premier souvenir lié à l’Olympique de Marseille ?

Je repense immédiatement à un but de Didier Drogba. La frappe, le stade qui explose, le sentiment d’être aspiré dans un univers qui dépasse l’enfance. Très vite, l’OM est devenu un repère. Je me souviens aussi de la finale contre Valence. On perd, je pleure, et ma mère tente de relativiser en disant que ce n’est que du foot. Pour moi, c’était déjà bien plus que ça. Quand tu grandis ici, tu comprends très tôt que l’OM, c’est un héritage, une culture, presque une éducation.

A lire aussi : Le freestyle comme échappée, Marseille comme repère

Qu’est-ce qui différencie Marseille des autres villes de foot ?

La ferveur est unique. À Marseille, tout le monde vit au rythme de l’OM, du commerçant du coin au chauffeur de bus. Le lundi matin, l’humeur de toute la ville dépend du résultat du week-end. Le Vélodrome est plein quasiment à chaque match depuis des années, quel que soit l’adversaire. Cette fidélité et cette intensité n’existent nulle part ailleurs. Dans les autres clubs, le foot passionne. Ici, il gouverne.

Dans les autres clubs, le foot passionne. Ici, il gouverne.

Être journaliste au contact d’un club aussi volcanique, ça change quoi ?

Ta manière de travailler. À l’OM, tout peut basculer très vite. Une crise institutionnelle qui surgit, une série de victoires qui retourne l’opinion, un débat enflammé sur l’entraîneur… Le club vit dans une tension permanente qui t’oblige à être réactif, précis, organisé. Tu n’as jamais une semaine vraiment tranquille. Cette instabilité peut fatiguer, mais c’est aussi ce qui rend le métier stimulant. Chaque info paraît chargée d’électricité.

Et la Ligue des champions, qu’est-ce qu’elle représente pour toi ?

La première fois que j’ai entendu l’hymne au Vélodrome, même pendant les tests son, j’ai eu des frissons. Pour quelqu’un qui a grandi avec l’histoire de 1993, c’est un moment à part. Certains pensent qu’il faut être à Paris pour vivre de grands moments européens. À Marseille, la compétition a une aura presque sacrée. Elle rappelle ce que le club a été et ce qu’il rêve de redevenir. C’est un symbole partagé par toute une ville.

Qu’est-ce qui manque à l’OM pour redevenir un grand club européen ?

Il manque de la continuité. Pour redevenir une place forte en Europe, il faut enchaîner plusieurs saisons en Ligue des champions, quatre ou cinq au minimum. C’est comme ça qu’un club regagne du poids, de l’expérience et de la crédibilité. Une belle saison ne suffit pas. Il faut installer un cycle, construire un projet qui dure. C’est ce qui a manqué ces dernières années à Marseille de mon point de vue.

Maxime COSMAI

Le Fil Info

Autres articles