cimetière Miséricorde
cimetière Miséricorde

Nantes : on a testé pour vous une visite du cimetière Miséricorde

Le Voyage à Nantes fait découvrir le cimetière Miséricorde depuis quelques années déjà. La première excursion de 2025 a lieu ce samedi 5 avril après-midi. Nous vous proposons un avant-goût avec Sébastien Huchet, chargé d’accueil dans ce lieu emblématique de la ville.

Il faut aimer marcher pour travailler depuis 10 ans dans le célèbre cimetière Miséricorde qui s’étend sur neuf hectares à Nantes. Heureusement, c’est le cas de Sébastien. L’homme de 53 ans l’a parcouru de long en large. Il connaît l’histoire et les recoins de ce lieu ouvert depuis 1793. Et naturellement, le chargé d’accueil ne retient pas tous les noms gravés sur les 16 000 sépultures. Il explique : « parfois on ne sait même pas qui occupe la tombe car le premier registre d’inhumation est tenu en 1867. Au début, le cimetière était plus petit alors les gardiens faisaient juste de tête. Six agrandissements plus tard, impossible de fonctionner comme ça. »

Le premier registre d’inhumation du cimetière, vieux de 158 ans.

Le site historique du quartier des Hauts-Pavés tient son nom de la chapelle, détruite en 1809, qui se situait dessus. Il est traversé par deux allées majeures formant une croix. Bien souvent, sur leurs deux côtés, des chapelles familiales se succèdent et constituent des rangées presque parfaites. Sébastien complète : « certaines sont entretenues et actives alors que d’autres, abandonnées, doivent être protégées par des ceintures métalliques. Épisodiquement, il y a des restaurations financées par le service public. »

« Le Père-Lachaise nantais »

En se promenant dans ce lieu qu’on surnomme « le Père-Lachaise nantais », on traverse des secteurs bien différents, que liste Sébastien : « vous pouvez voir une partie colombariums, une pelouse de dispersion, les terrains communs prêtés gratuitement par la ville pour cinq ans, des carrés protestants ou bien israélites. Dans l’un de ces derniers repose le créateur du cinéma Katorza. On trouve des sépultures commémoratives comme celles des Victimes du Devoir ou de membres des 50 otages fusillés. » Le cimetière dispose aussi d’une portion réservée aux Durand-Gasselin (la famille de l’architecte du passage Pommeraye notamment).

Vous trouverez des plans du cimetière à l’entrée.

Pendant la visite, nous découvrons la plus vieille partie du cimetière, située au fond de cette véritable “ville dans la ville”. Sébastien la décrit : « cet endroit pittoresque se démarque. Les tombes partent dans tous les sens, on arrive à peine à poser le pied, car il n’y avait pas de réglementation à l’époque. On voit davantage de végétaux ici puisqu’on souhaite créer une canopée pour diminuer la chaleur qu’absorbe et restitue le granit. C’est paisible, peu de gens passent étant donné que beaucoup de tombes sont abandonnées. » Cette partie contraste fortement avec celle des sépultures contemporaines.

La vieille partie du « Père-Lachaise nantais » avec ses tombes rapprochées et désordonnées.

Très éclectique, le cimetière Miséricorde rassemble une vaste matière architecturale. « Vous pouvez aussi bien trouver un caveau élevé, un mausolée, une sépulture inspirée d’une pagode que des structures toutes simples, des colonnes, des médaillons et puis des bustes. Cela dans des styles classiques, gothiques, antiques ou plus sobres et personnalisés. J’allais oublier les quatre œuvres permanentes du Voyage à Nantes réalisées par le plasticien Pascal Convert », poursuit Sébastien qu’on n’arrête plus dans sa narration.

Le cimetière des célébrités locales

Reposer dans ce lieu historique peut s’envisager à condition de naître ou de mourir à Nantes. Depuis 1980, les parcelles ne sont plus attribuées à vie, mais pour 15 ou 30 ans. Le cimetière Miséricorde attire les artistes, comme pour le roman d’Antoine Bloyé, l’écrivain Paul Nizan, le réalisateur Emmanuel Courcol qui a tourné une partie de son drame Cessez-le-feu dans la portion ancienne.

Le site ramène aussi locaux et touristes venus découvrir les tombes des figures nantaises : « vous en trouverez des tas, surtout dans le vieux Miséricorde. Je peux vous citer des noms qui parlent à beaucoup ici : le militaire Pierre Cambronne, le politique Pierre Waldeck-Rousseau ou la famille Lefèvre-Utile (la marque LU) », liste Sébastien. Avant de partir, le chargé d’accueil s’amuse à raconter une anecdote : « il n’y a que la mort pour rapprocher les opposés. Par exemple, l’abolitionniste Thomas Dobrée repose tout près du négrier Joseph Mosneron-Dupin. »

La sépulture du notaire et promoteur immobilier Louis Pommeraye, à l’origine du passage couvert à son nom.

Sébastien ouvre les hostilités pour ses visites du cimetière à partir de ce samedi 5 avril après-midi. Réservation ici.

Clément Brevet

Le Fil Info

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