L’essor fulgurant des casiers automatiques accessibles 24h sur 24h rebat les cartes quant à l’avenir des points relais. Si certains commerçants de Nantes voient encore dans ce service un moyen d’attirer des clients, d’autres s’interrogent sur l’avenir de ce modèle à moyen terme.
Devant la devanture de sa cave, ce n’est pas un camion de livraison de vins, mais bel et bien un véhicule “Mondial Relay”. Deux personnes déchargent les colis pour les superposer dans la boutique de Paul, propriétaire de la cave vin/20. Il travaille en collaboration avec le leader de la livraison de colis depuis cinq ans. Pour lui, les gens qui viennent récupérer leurs colis, « c’est de la publicité gratuite et un flux direct de clients. Environ une à deux personnes sur dix achètent du vin en venant chercher leur paquet. » Le gérant de cette boutique située Quai de la Fosse à Nantes, souligne l’importance du contact humain et de l’accompagnement des clients, notamment pour des questions pratiques ou des colis mal étiquetés. Mais face aux lockers disponibles 24h/24, il observe que « les clients ont parfois besoin d’être rassurés par un contact humain ». Il reste néanmoins serein et limite volontairement auprès de son partenaire le nombre de colis par jour pour ne pas se transformer en simple point relais.
Pour Margaux, vendeuse au tabac Le Rossignol à Commerce, le constat est plus amer : « Avec les lockers Mondial Relay qui s’ouvrent, on reçoit de moins en moins de colis. » Elle souligne une baisse des envois de colis Colissimo et relativise l’importance de cette activité. « On n’est pas inquiet : si l’on doit arrêter, ce n’est pas une fin en soi. »

Un service apprécié mais en déclin ?
Les lockers séduisent par leur praticité. Gwendoline, 34 ans, les utilise régulièrement : « Je travaille la journée, donc pouvoir récupérer un colis à toute heure, c’est idéal. » À l’inverse, Florian, 26 ans, préfère les points relais pour l’échange humain : « Je trouve ce système vraiment dommage, il y a moins de liens avec les commerçants. »
Mondial Relay a annoncé la fermeture de 2 500 points relais en France d’ici fin 2025, un tournant radical. Le modèle évolue avec une demande croissante de flexibilité, et les lockers semblent s’imposer. Cependant, les points relais conservent des atouts, notamment pour les gros colis ou les situations particulières où le conseil humain reste précieux.
Vers une complémentarité des modèles ?
Si les lockers répondent aux attentes d’immédiateté, ils ne remplacent pas totalement les points relais. Certains consommateurs privilégient encore l’interaction humaine et la proximité. Vinted Go, initialement tourné vers les lockers, a d’ailleurs commencé à ouvrir des points de dépôt physiques, preuve d’une nécessaire complémentarité.
L’avenir des points relais à Nantes semble incertain face à la montée en puissance des lockers. Mais leur rôle d’animateur de quartier et de commerce de proximité reste un atout précieux. Le modèle évoluera sans doute vers une coexistence où chaque solution répondra à des besoins spécifiques. Un virage que les commerçants devront négocier avec vigilance.
ALEXIS ANDOUARD