Rose, vert, bleu… et des arômes de pistache ou de framboise. Au marché de Noël de Nantes, un producteur de Grande Champagne réinvente le cognac sans renier son terroir. Une démarche audacieuse qui intrigue les visiteurs et séduit autant les curieux que les amateurs avertis.
Au détour des chalets, un stand détonne dans la tradition du marché de Noël de Nantes. Des bouteilles de cognac aux couleurs vives attirent les visiteurs comme un aimant. À l’intérieur, des formes de verre soufflé, véritables sculptures miniatures, captent la lumière. Et dans le verre, c’est la surprise : ces cognacs affichent des arômes étonnants de pistache, de framboise ou encore d’agrumes.
« Je veux montrer que le cognac peut être accessible, ludique, tout en restant noble », explique Florian, le producteur venu spécialement de Fourras, en Charente-Maritime. Installé en Grande Champagne, premier cru du cognac, il tient à rappeler que ces créations reposent sur une base irréprochable : « Ce sont des eaux-de-vie fines, rondes, gourmandes, jamais agressives. »
Des parfums étonnants

Les visiteurs ne savent d’abord pas quoi penser. Beaucoup approchent le stand persuadés de tomber sur une liqueur sucrée ou un dérivé fantaisie. Marianne, en quête d’idées cadeaux, l’avoue en riant : « Je pensais vraiment que c’était un truc de cocktails ! » Mais après une dégustation de cognac parfumé à la framboise, son opinion change : « C’est subtil, pas du tout écœurant. On sent encore le cognac derrière. Franchement, c’est délicieux. »
Même réaction pour un groupe de jeunes adultes attirés par la version pistache, un parfum qui intrigue particulièrement. Lucie, 29 ans, découvre le cognac à travers ces créations : « Je n’aime pas le cognac d’habitude, je trouve ça trop fort. Mais celui à la pistache… c’est vraiment gourmand. On dirait presque un dessert. »
Des bouteilles sculptées
L’aspect visuel contribue largement à l’attrait du stand. Les grappes, les bateaux ou encore les torsades de verre soufflé intégrés à l’intérieur des bouteilles fascinent les visiteurs. « C’est une artisane italienne qui réalise tout à la main. C’est un travail incroyable », souligne Florian.
Jean-Marc, amateur de cognac, examine l’une des bouteilles : « Le cognac est déjà très bon, mais la bouteille… c’est une œuvre d’art. Ça donne envie de la laisser exposée ! »

Une première étape
Pour Florian, présent pour la deuxième fois au marché de Noël de Nantes, cette sortie hors de la distillerie représente un moment décisif. « Je ne vends habituellement qu’en vente directe, à Fourras. Ici, je rencontre un public qui n’aurait jamais poussé la porte de la distillerie », explique-t-il.
Le pari semble fonctionner : toute la journée, le chalet ne désemplit pas. Les visiteurs oscillent entre curiosité, scepticisme amusé et véritable enthousiasme après dégustation.
Un terroir toujours présent
Au-delà des créations aromatisées, Florian expose aussi ses cognacs traditionnels, vieillissants entre dix et trente ans, pour rappeler que l’innovation n’efface pas la maîtrise du savoir-faire charentais. Les puristes goûtent parfois avec méfiance, mais beaucoup finissent par reconnaître la qualité du produit.
« Le cognac reste du cognac », insiste Florian. « Je joue sur les arômes, mais je respecte la base, le terroir, le vieillissement. »
Et à voir les visiteurs repartir avec une bouteille colorée sous le bras, un sourire aux lèvres, il semble que son pari d’allier tradition et modernité soit en train de trouver son public.
Lily L’Abbaye