Cosplays
Cosplays © Camille Blaringhem

Le cosplay, “l’art de devenir soi-même”

Ce week-end, le parc des expositions de Nantes s’est transformé en univers de pop culture pour accueillir la 14ᵉ édition d’Art to Play. 

Plus de 30 000 visiteurs se sont déplacés à la Beaujoire à l’occasion de l’exposition Art to Play. Cette 14ᵉ édition s’est étendue sur toutes les salles du parc, soit 35 000 m², une première depuis son lancement. Autant d’espace que de passionnés réunis pour partager leurs univers : du manga aux jeux vidéo en passant par la pop culture. Mais c’est surtout le cosplay qui a marqué les esprits.

Alexandra cosplay Barbie © Camille Blaringhem
Alexandra cosplay Barbie © Camille Blaringhem

Du cosplay classique aux tenues les plus réalistes, c’est un véritable festival de personnages issus de tous les univers : Barbie, One Piece, Dragon Ball, Star Wars, princesses Disney… Selon certains participants, c’est « l’événement de l’année à ne pas manquer », qui demande des mois de préparation. Pour Alexandra, alias Minto, finaliste de la Coupe de France All Stars de cosplay, son costume d’Elina dans Barbie Fairytopia est le plus complexe qu’elle ait réalisé. « J’ai travaillé dessus pendant un an. Il y a plusieurs milliers de strass, tous posés un par un à la main. » Ce qui compte pour elle, ce n’est pas vraiment de passer sur scène ou d’être récompensée, « ce que j’adore, c’est la partie créative, tout ce qui touche à la couture. C’est vraiment ma passion. » Au-delà du temps, le budget représente un autre investissement important. Angeline, cosplayeuse, raconte : « Celui-là m’a coûté 350 euros tout compris. Mais si je l’avais fait moi-même, avec le prix des matériaux et le travail, vous pouvez compter 8 400 euros. » 

“C’est ce qu’on est”

Pour Jordan, le cosplay ne se limite pas à l’apparence. « J’aime revoir l’animé du personnage que je vais incarner pour reprendre ses mimiques, ses expressions… » C’est une manière d’exister, un style, presque une seconde peau. Deux jeunes cosplayeurs croisés dimanche expliquent vivre cosplay au quotidien : « On est tous les jours en cosplay, c’est notre style. Et notre personnalité, c’est ce qu’on est. » Jordan, l’un d’eux raconte comment le cosplay l’a aidé à s’épanouir après des années de harcèlement au lycée. « Pourquoi tu t’embêtes ? Fais ce que tu veux, assume », lui avait dit son amie Angeline, un conseil qui a changé sa vie. Aujourd’hui, il affirme : « Je me lève le matin, je pense cosplay ; je me couche, je pense cosplay. Peu importe… je vis cosplay. » 


Chaque année, des habitués de la convention se retrouvent pour partager leurs nouvelles créations. C’est notamment le cas de la Coupe de France All Stars de cosplay, qui réunit les meilleurs participants et met leur travail en lumière. Cette année, 15 finalistes se sont retrouvés sur scène pour élire les gagnants du concours. 

« Pour eux, on est des enfants qui portent un déguisement »

Malgré cet engouement, beaucoup de visiteurs ne réalisent pas que les personnes qui incarnent ces personnages sont bien réelles, et non des « figurines » vivantes là pour le décor. Entre photos prises sans demander, bousculades, remarques déplacées ou mains posées sans consentement, Angeline a accumulé les mauvaises expériences. Elle est aujourd’hui contrainte d’être escortée par ses meilleurs amis, eux aussi en cosplay, pour se déplacer dans le salon.

Angeline et Jordan cosplay
Angeline et Jordan cosplay © Camille Blaringhem


« Pour eux, on est des enfants qui portent un déguisement », explique son meilleur ami Jordan, une image que lui et beaucoup d’autres essaient de déconstruire. « La plupart des gens qui font du cosplay leur métier sont des adultes. Les visiteurs ne se rendent pas compte du temps passé sur chaque détail. Une perruque, ça peut prendre jusqu’à 26 heures de travail, facilement. » explique-t-elle. Son costume du week-end, par exemple, intègre une structure en métal de 8 kilos fixée au niveau des hanches pour créer la silhouette du personnage. Une pièce lourde, fragile, qui demande une attention permanente. « Les gens pensent qu’ils peuvent toucher parce que c’est beau ou impressionnant, mais ça casse. Et ça fait mal aussi. Une fois, quelqu’un m’a bousculée et a déchiré ma tenue. »

Ce manque de respect pousse certains cosplayeurs à se méfier de qui ils parlent ou de qui les photographie. Héloïse explique : « Il y a des gens qui se font passer pour des photographes, et qui profitent du caractère parfois dénudé de certains cosplay, ou du fait que des mineurs soient en cosplay,  pour prendre des images à des fins personnelles et inappropriées. » Une dérive qui renforce la nécessité de poser des limites claires : demander pour une photo surtout si c’est sans enfants juste des cosplayeurs, ne pas toucher la tenue…  

Le manque de considération se ressent jusque dans les moments les plus simples. Quand les cosplayeurs s’assoient pour souffler, mangent un morceau ou retirent un accessoire trop lourd, certains visiteurs les dévisagent, insistent ou réclament tout de même des photos.

Malgré les cotés négatifs, Angeline continue de partager sa passion avec ses amis et espère bientôt la partager avec le public en concourant, « pour pouvoir en faire un jour, mon métier».

Camille Blaringhem

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