A Nantes, une fête pour mieux comprendre et défendre le droit du sol

À Nantes, le festival Tissé Métisse consacre sa 33e édition au débat sur la nationalité française et le droit du sol. Avec des concerts, débats et animations, l’événement se veut un rempart contre les discours xénophobes et un espace de réflexion collective.

Oldelaf, en concert pour TIssé Métisse samedi 13 décembre.
(crédit: Elodie Ward)

Dans un contexte national marqué par des débats inflammatoires sur l’immigration et l’identité, Tissé Métisse prend résolument position. ” Suite à différentes paroles de politiciens, on s’est dit que c’était important d’en parler “, explique Cyrille Prévaud, directeur adjoint de l’association. Le festival, qui se tient samedi 13 décembre à la Cité des congrès de Nantes, a choisi un thème fort : ” Nationalité française et droit du sol “.

L’objectif est clair : ” Rappeler ce qu’est le droit du sol, les conséquences si on le perdait. Il y a trop de paroles xénophobes. On est conscient qu’il faut de la régulation, mais il faut surtout en parler “. L’association, qui réunit un public nombreux issu de tous horizons, veut questionner les récits nationaux et offrir un espace de parole face “à la  froideur “ de certains discours politiques.

Débats, théâtre et ” Happy Hour Citoyenne “

Loin de se limiter à la scène musicale, la programmation est jalonnée de temps de réflexion. Dès 15h, le public est invité à participer à une ” Happy Hour Citoyenne ” (18h-19h), un moment convivial pour échanger sur la citoyenneté. Plusieurs formats originaux sont proposés dont un débat intitulé ” Devenir Français: Le droit du sol dans le viseur “, un escape game au ” Ministère de la Citoyenneté “, des saynètes de théâtre forum ou encore une table ronde autour de la question ” C’est quoi ton accent ? Tu viens d’où ? “.

En fil rouge de ces animations, l’artiste Omar Meftah animera avec une comédienne des scénettes suivies de débats. ” Ce qui est important, c’est que les Nantaises et Nantais se mobilisent. Ils ne veulent pas d’une société clivante, mais veulent aborder les sujets qui la traversent”, souligne Cyrille Prévaud.

Musique et festivité pour rassembler

Le festival reste une grande fête populaire, avec une quinzaine de spectacles accessibles sur un billet unique. En tête d’affiche cette année : Oldelaf, figure de la chanson française à l’humour piquant, et Faada Freddy, artiste sénégalais aux succès pop-soul et gospel. La programmation, éclectique, mêle hip-hop historique (Legit), électro-gnawa (Samifati & Transe Gnawa Express), rap local (Tinaa, Grand Bruit) et spectacles famille.

Un festival en résistance malgré les moyens réduits

Organisé par l’association Tissé Métisse, née en 2003 pour lutter contre le racisme , l’événement traverse une zone de turbulences. ” il y a une absence criante du Conseil régional des Pays de la Loire suite à l’arrêt des subventions “, déplore Cyrille Prévaud. La Ville de Nantes et le Département de Loire-Atlantique maintiennent leur soutien, mais la perte de financements, notamment, a entraîné la suppression de deux postes salariés.

Malgré cela, l’équipe et ses bénévoles persistent. ” On a la volonté, dans un contexte national qui nous interroge et nous inquiète, de réveiller les consciences. Cela nous oblige à aborder ces sujets, à ne rien lâcher “, écrit Michel Surget, président de l’association, dans l’édito du dossier de presse. Un festival qui se veut donc à la fois une fête et un acte de résistance citoyenne, pour ” une société humaniste, interculturelle, solidaire et laïque “.

Infos pratiques : Samedi 13 décembre, de 15h à 1h, à la Cité des congrès de Nantes. Billetterie et programme sur tissemetisse.org. Tarifs : de 9€ (réduit) à 22€ (plein).

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