Après la fermeture forcée de son ancien établissement, Giuseppe Fallica, gérant de la pizzeria, a trouvé la force de repartir de zéro. Entre désillusion, résilience et passion pour son métier, il raconte son parcours semé d’embûches pour rouvrir son restaurant.

Giuseppe Fallica, originaire de Catane en Sicile, tient une pizzeria à Nantes depuis 2012. Mais en avril 2024, son quotidien bascule brutalement. Alors qu’il prépare sa soirée de service, la police fait irruption dans son établissement et lui ordonne de fermer immédiatement. En cause, la mérule, un champignon qui “dévore” les murs.
« Il n’y avait aucune trace visible dans mon ancien local. Tout était propre ! », raconte-t-il. C’est la mairie, propriétaire du bâtiment, qui découvre ce champignon dévastateur, en effectuant des travaux de désamiantage, sans pour autant alerter Giuseppe d’une possible fermeture du bâtiment. « Pourquoi ne pas m’avoir prévenu avant ? » s’interroge-t-il encore. L’annonce est un choc, la fermeture immédiate une épreuve.
Huit mois d’inactivité s’ensuivent. « On avait mis de côté pour la retraite, on a tout utilisé. Aujourd’hui, on est reparti de zéro », confie-t-il avec émotion.
Un nouveau départ, forcé mais nécessaire
Face à l’incertitude, Giuseppe doit prendre une décision. Plutôt que d’attendre une hypothétique rénovation de son ancien local, il choisit de repartir ailleurs. « J’ai eu de la chance. Ici, rue Briord, je connais tout le monde », explique-t-il.
Il rachète le fonds de commerce d’un restaurant et s’installe en tant que locataire. Mais cette nouvelle aventure a un coût : « À 61 ans, on ne s’attend pas à devoir repartir de zéro avec un crédit sur le dos. »
Si l’adresse change, l’âme de la pizzeria Dell’Etna reste intacte. « On est une institution à Nantes », sourit Giuseppe. Avec six ou sept places en plus, le restaurant gagne en capacité, mais la carte demeure fidèle aux traditions : 14 pizzas, et des plats, le tout fait maison. « On gère à deux avec ma femme, on ne peut pas en faire plus », précise-t-il.
Des épreuves personnelles et un combat judiciaire
Le déménagement et la réouverture ne se font pas sans difficultés. « Il y a eu des surprises pendant les travaux qui ne nous ont pas aidées. Et j’ai dû attaquer la mairie en justice car on m’a expulsé sans préavis et sans me trouver une solution », explique Giuseppe, qui doit financer un avocat. À cela s’ajoutent des soucis de santé pour lui et sa femme lors de la fermeture de l’ancien local : « Ça a été très dur, mais on a tenu bon », confie-t-il, la voix tremblante.
Malgré tout, la clientèle répond présente. Les anciens habitués reviennent, et de nouveaux curieux découvrent la pizzeria. « Ça fait plaisir, ça nous donne de la force », souffle-t-il avec soulagement.
Un lien jamais rompu avec les clients
Pendant la fermeture, la solidarité s’organise. Une page Facebook de soutien voit le jour, et une cagnotte est lancée. « Les gens nous ont aidés, on a récolté 2 000 euros », se réjouit-il. Une somme précieuse, utilisée pour financer une fresque dans le nouveau restaurant.
Si Giuseppe et sa famille ont su se construire une vie à Nantes, la Sicile reste toujours dans leur cœur. « Toute notre famille est là-bas. Une fois par an, on y retourne », raconte-t-il. Installé depuis trois décennies en France, il se sent chez lui à Nantes. « Mes enfants ont grandi ici, certains y sont nés. Je suis venu car mon oncle habitait ici. En Sicile, je faisais déjà des pizzas, mais ce n’était pas mon métier officiel », se souvient-il.
Aujourd’hui, plus que jamais, il prouve que la passion et la persévérance sont les clés de la réussite. Sa pizzeria, réouverte il y a peu accueille déjà plus de clients que son ancien local, preuve que la qualité des plats proposés est toujours présente au sein de cette institution nantaise.