Avec Tout de suite la fuite, Elsa et Michel redécouvrent Nantes à travers une série sonore décalée qui mêle histoire, humour et flânerie.
Lancé par le Voyage à Nantes en avril 2025, Tout de suite la fuite est une série de balades sonores qui propose de redécouvrir la ville à hauteur de trottoir. « L’idée est née il y a deux ou trois ans. On cherchait un moyen de créer des cartes postales sonores de Nantes », explique Stéphanie Olivier, directrice de la communication du VAN.
Pour porter ce projet, deux voix locales se sont imposées : Elsa Fraulein, prof d’histoire au regard affûté, et Michel de Trentemoult, artisan maroquinier un peu touche-à-tout. Ils forment à eux deux, un duo complice, à la fois drôle et curieux, qui arpente la ville micro en main.
Cinq épisodes sont proposés comme autant de points d’écoute sur la mémoire des lieux.
1. Le quartier Feydeau : de l’île noyée à l’urbanisme moderne
Dans l’épisode consacré à Feydeau, Elsa sort des cartes postales anciennes des archives municipales. « Et ça ? Tu reconnais ce que c’est ? », lance-t-elle à Michel, un brin moqueuse. Le duo retrace la métamorphose d’un îlot entouré d’eau en un quartier bien terrestre.
« Aujourd’hui tu ne vois que du gazon et le réseau de transport. Le tram, des bus, des pistes cyclables… », constate Elsa. Entre les ponts disparus, les bateaux-lavoirs et les berges révolues, ils font revivre un Nantes disparu, que Michel ponctue de ses habituels : « Ah ouais, c’était carrément Venise, en fait ?! »
2. La Petite Hollande : un marché disparu
Autre décor, autre époque : celui de la halle de la Petite Hollande, disparue sous le bitume d’un parking. Elsa évoque l’ancienne structure : « On dirait un marché couvert. Une halle en verre. » Ensemble, ils convoquent les cris des marchands, les cabas, la foule du samedi.
Michel imagine : « Y’avait des fromages, des cloches, des vélos partout… c’était vivant, quoi. » Ici, l’histoire devient sensorielle. On devine les odeurs, les sons, et la ville résonne encore de ce passé effacé.
3. Le comblement de la Loire : un passé englouti
« On a du mal à s’imaginer que tout le centre-ville de Nantes était traversé par le fleuve », dit Elsa en désignant un ancien pont. L’épisode sur la place de la Bourse montre à quel point le paysage a été remodelé.
Michel hallucine : « On a mis des tonnes et des tonnes de sable. » Une Loire comblée, des quais disparus, un fleuve enterré sous le bitume. Le ton est plus grave, mais jamais pesant. Elsa explique, Michel digresse, et le duo nous entraîne dans un Nantes méconnu.
4. Les archives numériques : la ville en pixels
Retour à la maison, devant l’ordinateur. Elsa confie sa passion pour les archives en ligne. « T’es encore en train de batifoler sur des sites de rencontres entre historiens ? » plaisante Michel.
Elle rit : « Je me suis fait un petit dossier : “chemins de traverse”… et dedans, y’a des perles. » Cartes anciennes, journaux oubliés, plans décalés : tout un monde se recompose à partir d’images muettes. Le duo redonne voix aux fantômes de la ville.
5. Fuir en avant, toujours
Dans l’épisode conclusif, Elsa résume leur philosophie : « Chercher le point de vue imprenable qui s’écoute vite, là maintenant tout de suite. » Une invitation à l’attention dans la déambulation, à la rêverie urbaine. Michel, en faux naïf, propose : « Et si on faisait un épisode sur les bancs publics ? »
Premier épisode :
Île de Nantes ouest – Parc des Chantiers
Passé le pont Anne-de-Bretagne, on met le pied dans une drôle de savane urbaine.

Maxime Cosmai