Fresque Emiliano Sala par Gabriel Griffa

Combien coûte la mort d’Emiliano Sala ? Nantes et Cardiff prolongent le bras de fer judiciaire

La disparition d’Emiliano Sala, survenue dans un accident d’avion au-dessus de la Manche en janvier 2019, continue de secouer le monde du football. Plus de six ans après le drame, le différend judiciaire entre le FC Nantes et Cardiff City reste entier.

Ce lundi 14 avril 2025, une nouvelle audience s’est tenue au tribunal de commerce pour finalement repousser l’affaire au 22 septembre 2025, devant le tribunal de Nantes.

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Pour rappel, le club gallois réclame 122 millions d’euros à son homologue français. Une somme étayée, selon ses avocats, par une étude statistique avancée : si Sala avait pu disputer 60 % des rencontres après sa signature, Cardiff aurait eu 54,2 % de chances de se maintenir en Premier League à l’issue de la saison 2018-2019. L’échec du maintien aurait entraîné, selon eux, des conséquences financières lourdes : 52,9 millions d’euros de manque à gagner sur cinq saisons, 67,3 millions pour une perte de valeur du club, et 2 millions pour préjudice d’image.

Pour Cardiff, Sala était bien plus qu’un joueur

Du côté des dirigeants gallois, l’attaquant argentin représentait bien plus qu’un simple transfert : une pièce maîtresse censée relancer le projet sportif. Sa disparition aurait, toujours selon eux, déséquilibré le collectif et fragiliser durablement la structure économique du club.

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En face, les Canaris contestent vigoureusement l’ensemble de ces accusations. Pour les avocats du club français, il n’existe aucun lien juridique entre l’accident et une quelconque négligence nantaise.

Une affaire qui dépasse le simple cadre financier

Le vol fatal ayant été organisé par un agent non homologué, Willie McKay, le FC Nantes considère ne pas avoir à répondre d’un événement qu’il ne contrôlait pas. La somme réclamée est jugée “excessive, fondée sur des projections incertaines, et ne reflète pas les responsabilités réelles dans cette affaire”.

Un autre point de friction persiste : la transmission de documents. En janvier, la justice avait demandé à Cardiff de fournir certains échanges avec ses assureurs. Nantes estime que tous les éléments n’ont pas été remis, ajoutant une tension supplémentaire à un dossier déjà complexe.

Derrière cette confrontation juridique se dessinent des enjeux bien plus vastes. Car cette affaire interroge aussi sur la sécurité des joueurs lors des transferts, les responsabilités des clubs dans les déplacements organisés, et les pratiques parfois opaques entourant certaines opérations du marché. À l’heure où les deux camps affûtent leurs arguments en vue de l’audience de septembre, le souvenir d’Emiliano Sala reste douloureux.

L’hommage mural peint par l’artiste Gabriel Griffa en mémoire du joueur rappelle qu’au-delà des sommes et des procédures, il s’agit d’une vie brisée. Et d’un football qui, lui aussi, porte encore les traces d’un choc qu’aucune audience ne pourra pleinement effacer.

Maxime Cosmai

Fresque Emiliano Sala par Gabriel Griffa | © Gabriel Griffa

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