Au-delà du monde de la course et des paris sportifs, c’est un lien puissant qui lie monture et coureur.
L’herbe est martelée par le grondement des sabots qui s’intensifie à mesure que les chevaux progressent sur la piste. Puis le son disparaît subitement l’espace d’une seconde alors que le peloton de tête passe les haies. « Au galop, ce sont des sensations que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, s’émerveille Aymeric Lelièvre, 25 ans. Sa jeunesse n’est pas flagrante, les concurrents appartenant, pour la plupart, à la même génération. Une fois à pleine allure sur le tour de piste, le jockey se laisse envahir par « l’adrénaline, la vitesse, les sauts ». Toute la difficulté réside dans la communication avec sa monture car le jockey ne côtoie jamais le cheval avant le jour de course. « C’est toute la complexité du métier », confie Aymeric Lelièvre.
Des messages des parieurs après les courses…
Le métier d’Aymeric est extrêmement exigeant. Ses jambes arquées en fer à cheval en disent long sur son parcours. Outre, la discipline physique qui le contraint à surveiller son poids sans même l’appui d’un diététicien, il doit gérer un emploi du temps très minuté. « On passe beaucoup de temps sur les hippodromes, ce qui veut dire qu’on a peu de temps libre à côté ». Aymeric s’entraîne six jours sur sept avec deux à trois jours de course, dont le dimanche.
À cela s’ajoute la pression des parieurs. « Ils nous envoient des messages après les courses pour exprimer leur mécontentement. Moi, je leur rappelle que c’est mon gagne-pain et que je n’ai aucun intérêt à perdre ». En course, le jockey évacue toute pression extérieure pour se concentrer sur sa performance et sa maîtrise. Car chaque mouvement est un danger potentiel à pleine vitesse. « Quand on part de chez nous, on n’est pas sûr de rentrer. Des jockeys sont actuellement paralysés ou dans le coma. C’est trop dangereux pour que l’on en fasse un jeu », assure le jockey. Sa famille, présente dans les tribunes, a conscience de ces risques.

Le risque zéro n’existe pas
En course, le jockey évacue toute pression extérieure pour se concentrer sur sa performance et sa maîtrise. Car chaque mouvement est un danger potentiel à pleine vitesse. « Ça reste des chevaux qui font 500 kilos et vont à 50 kilomètres/heures », insiste Aymeric Lelièvre.
Le danger permanent n’a-t-il jamais remis en cause sa volonté de poursuivre ? Aymeric tranche : « En tant que jockey d’obstacles, il faut quand même être un peu kamikaze. Oui, il y a des accidents, mais s’il y a de l’appréhension, il ne faut pas le faire ».
Florentin DELACOUR