L'art au cœur des émotions

“J’ai tout mis de côté pour intégrer l’école Pivaut” : de prof d’anglais à illustratrice

Etudiante à l’école Pivaut de Nantes, Léa Streiff est une artiste en devenir, guidée par une passion pour le dessin et une vision engagée du monde. À 31 ans, cette ancienne professeure d’anglais a quitté l’éducation nationale pour se consacrer à sa vocation artistique. Rencontre avec une illustratrice qui place la liberté créative au cœur de son expression.

Léa Streiff voit le dessin comme un partage d’émotions

Un parcours atypique, une passion ancienne

Originaire de Troyes, Léa Streiff a vécu à Nancy avant de partir en Erasmus en Angleterre, puis en Espagne, où elle a travaillé comme fille au pair. Après trois ans d’enseignement de l’anglais, la pandémie de COVID-19 a été un déclic : « J’ai eu une remise en question. Le dessin, c’est ce que j’aime depuis toujours. J’ai tout mis de côté pour intégrer l’école Pivaut» assure l’étudiante. En 2021, elle réussit le concours d’entrée, composé d’épreuves techniques et créatives, et entame une formation exigeante de trois ans, précédée d’une année de prépa. 

Pour Léa, le dessin n’est pas seulement un moyen d’expression principal, mais un espace de liberté : « Je ne voulais pas être dans un moule. J’ai besoin de cette liberté pour créer. »

Engagement et création : un équilibre subtil

Léa se définit comme engagée politiquement, bien qu’elle ne se considère pas militante : « Je suis beaucoup de gens engagés, mais je prends de la distance pour ne pas être submergée par l’anxiété. » Son art reflète cette sensibilité, mêlant esthétique et messages subtils.

« Je passe par l’émotion. J’aime faire rire à travers mes personnages, créer des univers avec des effets de lumière et des ambiances. »  

Léa Streiff

Influencée par des artistes comme Claude Ponti, Marija Tiurina, ou encore les classiques de la BD franco-belge, Léa puise son inspiration dans des univers variés. Elle admire également des illustratrices engagées comme Blanche Sabba et Emma Clit, dont le travail féministe résonne avec ses propres préoccupations.

Le dessin, un outil politique et émotionnel

Pour Léa, le dessin est un outil puissant pour transmettre des émotions et des idées : « On peut toucher les gens sans entrer dans un débat. Le dessin rassemble à travers des ressentis et des symboles forts. » Elle voit dans l’illustration une manière de se libérer de certaines choses pesantes, comme si le dessin devenait cathartique.

L’humour et l’ironie occupent une place importante dans ses créations. « Si ça doit être ironique, j’y vais à fond. Il y a du sarcasme dans ce que j’essaie de retranscrire », indique-t-elle. Cette approche lui permet d’aborder des sujets sensibles avec légèreté, tout en gardant une profondeur émotionnelle.

Parmi ses rêves, Léa aspire à vivre entièrement de son art. « J’aimerais travailler pour le cinéma d’animation, créer des livres pour enfants, et développer des projets personnels qui racontent mon parcours », appuie l’illustratrice. Elle évoque également un projet inspiré de sa reprise d’études, une histoire intime donc mais qui toucherait beaucoup de personnes dans un monde où les reconversions professionnelles sont légion.

Le style et l’engagement discret mais profond de Léa Streiff incarne une nouvelle génération d’artistes qui utilisent le dessin pour questionner, émouvoir et rassembler. Son parcours, marqué par des choix audacieux et une passion inébranlable amène avec lui des créations aussi inspirantes qu’engagées.


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