D’après le ministère du Travail, un peu plus d’un Français sur dix travaillaient occasionnellement de nuit en 2023. Un mode de vie à adopter lorsque l’immense majorité des actifs le font de jour. Et côté vie personnelle, la tâche peut s’avérer rude. Pascal, Corentin et Claire en ont tous fait l’expérience, malgré leurs profils bien différents.
« Si je voulais voir mes enfants grandir, je n’avais pas le choix. » À la naissance de sa fille, Pascal a pris une décision radicale pour sa vie : dire adieu au travail de nuit. Après plus de vingt ans au rythme d’un train de vie décalé, le routier a choisi de rejoindre un sentier plus classique. Car comme lui, nombreux sont ceux qui font le choix de mettre entre parenthèses une partie de leur vie sociale pour leur travail.
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Corentin a 22 ans. Depuis un peu plus de quatre ans, il travaille en tant qu’agent de sécurité dans l’événementiel privé. Comme beaucoup de ses confrères, il est obligé de travailler la nuit une bonne partie du temps. Et à cet âge là, pas simple de jongler entre les amis, les loisirs et le boulot. « Certains week-ends, j’enchaîne vendredi, samedi et dimanche de nuit, partage-t-il. Je joue au foot en ayant dormi une heure à peine. »
Un sacrifice pour le futur ?
Un véritable mode de vie à adopter, donc, pour conserver une vie sociale plus ou moins classique, et notamment en couple. C’est le cas de Claire, fraîchement arrivée au CHU de Nantes en tant qu’infirmière. Il y a un peu plus d’un an, elle emménageait avec son copain après deux ans de relation. Et ce train de vie ne facilite pas vraiment les choses. « C’est compliqué. On se croise et on a rarement de temps pour nous. Il peut arriver qu’on passe deux semaines sans dormir ensemble », confie la jeune adulte.
Mais, incontestablement, le travail de nuit séduit de nombreux actifs. Si ce jeu d’équilibriste pour préserver sa vie sociale peut être un frein pour beaucoup, d’autres avantages réussissent à convaincre des profils comme Pascal, Corentin ou Claire. Et au premier plan : l’argument salarial revient régulièrement. « C’est un sacrifice mais je me dis que ça me permet d’épargner un maximum pour le futur », relativise Corentin. Pascal, lui, a fait le même choix à un âge similaire. « C’est sûr que ça a été dur pour ma vie de famille, mais je ne regrette pas ce choix. Je ne sais pas si j’aurais pu offrir la même vie à mes enfants sans ces années. »
Eve Jouneau et Noé Guitton