Uber la nuit : la route de la peur

DOSSIER : Nantes la nuit. L’insécurité des femmes dans les Voiture de transport avec chauffeur (VTC) est une réalité. Si peu d’études décryptent le phénomène, les cas de violences sexistes et sexuelles se multiplient poussant la compagnie Uber à développer un nouveau service “Uber for women”. A Nantes, clientes et chauffeuses témoignent.

” J’ai refusé, j’ai été ferme, et ils m’ont violemment insultée. Ce soir là, j’ai vraiment eu peur. ” Ancienne chauffeuse Uber, Mélanie a du mal à se dire qu’elle a réussi à travailler plus de trois ans dans ces conditions. Quand elle commence à rouler pour la multinationale américaine en 2020, elle fait le choix de travailler la nuit, chose qu’elle va vite regretter : ” J’étais jeune à l’époque, donc je ne m’étais pas questionnée sur ma propre sécurité. Très vite, je me suis aperçue que c’était très dangereux la nuit. Les courses que j’avais, c’était souvent des sorties de soirée ou de boîte de nuit. ”

Créée en 2009, l’application américaine a atteint les trente milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2022.

Des insultes violentes et sexistes

Bien que la plupart des trajets se déroulaient sans accrocs, ce n’était pas tous le temps le cas : ” Dans la voiture, des hommes pouvaient m’appeler “ma belle”, des petits surnoms comme ça… Rien que ça, ça te fait te sentir en insécurité. ” Parfois, les agressions allaient même au delà des “insultes classiques” . On m’a aussi proposé de me payer en nature. ” Au fur et à mesure, Mélanie s’est d’abord équipée d’une bombe au poivre et d’un taser, puis, ensuite, partait lorsqu’elle voyait que c’était un groupe d’hommes qui avaient réservé la course. Elle est devenue, il y a deux ans, chauffeuse privée. Elle roule donc toujours pour les mêmes clients et peut donc les choisir, une sécurité pour elle.

6 000 femmes agressées dans un Uber en deux ans

Les conductrices ne sont pas les seules en danger la nuit. D’après un rapport de la compagnie de VTC américaine paru en 2019, près de 6 000 femmes ont été agressées dans un Uber entre 2017 et 2018 aux États-Unis. Si à Nantes et en France nous ne disposons pas de chiffres précis, les exemples ne manquent malheureusement pas, à l’image de Chloé, 24 ans : ” Lorsque je rentrais de soirée dans Nantes, j’avais pris l’habitude de commander un Uber. Un jour, un conducteur m’a proposé de monter à l’avant et j’ai accepté sans me poser de questions. Mais à cinq minutes de chez moi, il s’est engagé dans une impasse et a arrêté la voiture. Il m’a regardé et a mis sa main sur ma cuisse. J’étais choquée. ” Heureusement pour la jeune femme, cette dernière a su réagir : ” J’ai crié et je suis sorti en courant du véhicule. J’ai sprinté jusqu’à chez moi et je suis restée assise plusieurs dizaines de minutes, en état de choc “. Des agressions comme celle-ci, elle dit ne pas être la seule de son entourage à en avoir subies.

Uber s’engage publiquement contre les violences sexistes et sexuelles dans le métro parisien @CBNews

Comment la plateforme réagit ?

Face à l’augmentation des plaintes et le risque de perdre des parts de marché, Uber a lancé en novembre dernier l’option “Uber by Women” qui permet aux femmes de réserver un VTC avec une personne du même sexe au volant. Limitée à la région parisienne pour l’instant, la fonctionnalité devrait arriver dans la cité des Ducs d’ici quelques mois. Une manière de protéger non-seulement les conductrices mais aussi les clientes.

ANTOINE OLLIVIER

Le Fil Info

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