Le freestyle comme échappée, Marseille comme repère

À 18 ans, Antoni Bono assume enfin son talent et vise plus haut. Entre entraînements devant le Vélodrome et premières compétitions, le jeune freestyleur marseillais prépare activement la coupe du monde 2026 où il compte porter haut les couleurs ciel et blanc.

Antoni Bono durant la Coupe de France à Châteauroux en 2025 | Crédit photo : Antoni Bono

On le croise souvent près du Vélodrome, entre deux ombres qui s’allongent en cette fin d’après-midi de novembre. La doudoune est de rigueur mais elle n’entrave pas les gestes précis de l’athlète. Avec une aisance déconcertante, il fait glisser le ballon sur son corps, le fait léviter au ras du sol sans jamais le faire tomber. Seules les volutes sortant de sa bouche trahissent les efforts du jongleur. Le foot « traditionnel », il l’a abandonné à cause d’une articulation capricieuse. Le freestyle lui a permis de vivre tout de même sa passion, au contact du béton plutôt que des pelouses. L’obstacle originel l’a guidé sur une voie inattendue. 

Son histoire pourtant ne commence ni sur une pelouse ni dans un stade bruyant. Elle débute dans une chambre silencieuse où il répétait seul, presque en cachette, après une luxation de l’épaule qui a tout renversé. Un geste de trop, et l’avenir du footballeur s’est effondré d’un coup. « Je n’arrivais plus à jouer comme avant… alors j’ai dû inventer autre chose », se souvient-il. Cette « autre chose », c’est le freestyle. Des figures impossibles, des mouvements appris jusqu’à l’épuisement, et ce ballon transformé en refuge, en moteur, en seconde nature. Depuis, il ne le lâche plus.

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« Tous les jours, je touche le ballon. Dix minutes ou une heure trente, ça ne change rien. Ce qui compte, c’est de ne jamais rater », lâche-t-il avec un sérieux presque déconcertant. Depuis septembre, tout s’est emballé. La Coupe de France à Châteauroux, une place dans le top 8 national. Un début de statut pro, des portes qui s’ouvrent. « C’est pas un Graal, juste une clé », dit-il.

Le Vélodrome comme terrain intime

Des marques commencent à s’intéresser à lui, les shows deviennent réguliers. Le monde qu’il regardait de loin l’invite désormais à entrer.

Son entourage, longtemps dans l’incompréhension, a fini par comprendre. Ses parents, inquiets au départ, ont commencé à comprendre son choix lorsqu’ils ont vu leur fils partir en compétition, revenir classé parmi les meilleurs. « Depuis la Coupe de France, ils me demandent si je suis “professionnel” maintenant. Je peux enfin répondre oui”, sourit-il. Chez les amis, même schéma, Noé, Armand, puis d’autres. Tout le monde se met à filmer, à aider, à pousser. Une petite vague marseillaise du freestyle prend forme, discrète mais réelle.

S’il ne devait garder qu’un lieu, il choisirait le stade. Pas pour les matchs. Pour l’atmosphère.
Le Vélodrome, c’est son studio, son repère. “Là-bas, il y a tout. La lumière, le calme… et puis c’est mon histoire familiale. Chez moi, on est ultra de père en fils”, glisse-t-il avec fierté.

Il s’entraîne devant les marches, là où la ville ralentit une à deux fois par semaine en période de Ligue des Champions. Il a un rêve personnel, très marseillais. Un jour, il aimerait freestyleur sur scène, en concert. “Si je pouvais choisir… ce serait Jul ou Alonzo. Sur une instru qui cogne, un show millimétré, conçu sur mesure”. Le minot timide s’imagine déjà dans la lumière. Antoni Bono avance sans se presser. La blessure l’a freiné, mais elle lui a donné cette intelligence du corps, cette envie de combler le manque d’adversité. Et surtout une routine, une discipline, des gestes inspirés des influenceurs comme Sean Garnier ou même un local Soufiane Touzani, la musique à fond dans le casque, le ballon vissé au pied, le Vélodrome en toile de fond.

Maxime COSMAI

Le Fil Info

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