Le 13 mars dernier, le président américain Donald Trump a annoncé qu’il pourrait augmenter les droits de douane sur les vins, champagnes et autres alcools européens. Le taux passerait de 25 à 200 %.
Le muscadet est un véritable ambassadeur des vins de Loire, et depuis quelques années, il est particulièrement apprécié aux États-Unis, le premier pays consommateur mondial de vin (33,3 millions d’hectolitres contre 24,4 pour la France qui est deuxième). La région du muscadet, avec ses 7 000 hectares de vignes en AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), exporte une bouteille sur cinq dont 20 % sont destinées aux USA.
Cette région viticole, composée de 450 producteurs, produit chaque année environ 40 millions de bouteilles et exporte 79 000 hectolitres de vin annuellement. Le prix moyen d’une bouteille exportée vers les États-Unis est aussi deux fois plus chère qu’en France.
Une compétitivité remise à l’épreuve
Actuellement, une bouteille de muscadet vendue aux États-Unis coûte entre 15 et 20 dollars. Une surtaxe de 200 % pourrait considérablement augmenter ce prix, le rendant moins compétitif face aux vins d’autres pays producteurs, comme l’Argentine, le Chili ou l’Australie.
En 2017, François Robin, membre de la fédération des vins de Nantes, affirmait au Figaro que les ventes de muscadet aux États-Unis avaient doublé en cinq ans et qu’il représentait déjà le plus grand marché à l’export en valeur. Le marché américain ne cesse de croître, mais une telle taxe pourrait freiner la croissance des exportations.
Des relations solides qui pourraient se complexifier
Malgré la menace d’une telle taxe, les vignerons nantais restent confiants, s’appuyant sur les relations commerciales solides qu’ils ont établies avec leurs importateurs américains. Ces relations de longue date, basées sur des partenariats de confiance, pourraient permettre de maintenir la stabilité des exportations, du moins à court terme.
« Nous avons des liens très forts avec nos agents importateurs aux États-Unis. Ils ne changeront pas de crémerie du jour au lendemain », indique aussi François Robin. Cependant, l’optimisme reste tempéré par la réalité économique : une hausse des droits de douane aussi brutale pourrait forcer les importateurs à reconsidérer leurs choix et à se tourner vers des produits moins onéreux.
UGO SCHWANDER