Depuis plus de 30 ans, Laurent Boulo récolte le sel à Guérande. Ancien éducateur spécialisé, il s’est reconverti dans une activité exigeante, physique et profondément liée à la nature.
Laurent Boulo connaît les marais salants comme sa poche. En 31 ans de métier, il se souvient encore de sa formation de paludier, un stage d’un an qui l’a ancré définitivement dans les œillets guérandais (bassins de circuit d’eau). Ce qui l’a séduit : le travail en plein air, le rythme de la nature et la précision du geste.
Chaque matin, il observe ses bassins : niveaux d’eau, vent, luminosité. Rien n’est laissé au hasard. « Le sel, ça ne s’improvise pas. Tu vois tout de suite si la journée sera bonne », explique-t-il. Le gros sel se récolte dès l’aube, la fleur de sel l’après-midi, « quand la lumière est bonne ». Pour lui, l’œil compte autant que la technique, et la météo reste le seul véritable patron. Une pluie imprévue, et la récolte s’arrête net.
Au fil des saisons, Laurent a appris à composer avec les caprices du climat et la fatigue des longues journées d’été. Mais il parle encore de son métier avec la même conviction qu’au début : un savoir-faire ancestral qu’il faut protéger. Il accueille régulièrement stagiaires et saisonniers pour transmettre les bons gestes, cette manière unique de lire l’eau et d’anticiper la cristallisation.
Pour lui, travailler dans les marais, c’est une immersion quotidienne dans un patrimoine vivant. « On ne récolte pas seulement du sel, on perpétue un paysage », résume-t-il, les yeux tournés vers ses bassins.

Arthur CAMUS