Émeline Rouzioux, ergothérapeute au service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés (SAMSAH) de l’APF France Handicap, décrypte la réforme du 1er décembre 2025 qui confie à la Sécurité sociale le financement unique des fauteuils roulants et vise des démarches simplifiées.
En quoi consiste la réforme qui entre en vigueur le 1er décembre ?
L’objectif est d’avoir un financeur unique, la Sécurité sociale. Jusqu’ici, les personnes devaient monter plusieurs dossiers auprès de différents organismes. Là, tout passe par un seul financeur, ce qui doit simplifier les démarches et revaloriser les prises en charge. Par exemple, des fauteuils manuels n’étaient remboursés qu’environ 600 €. Les nouveaux montants seront plus proches des coûts réels, avec un processus beaucoup plus fluide.
Qu’est-ce que cela change concrètement pour les usagers ?
D’abord, les délais devraient diminuer : on voyait des personnes attendre jusqu’à un an et demi pour un fauteuil électrique. Ensuite, les démarches administratives seront allégées : on n’aura plus à chercher plusieurs financements, ce qui prenait un temps considérable pour les assistantes sociales. La réforme introduit aussi de nouvelles nomenclatures, avec des fauteuils modulaires et non modulaires, permettant d’intégrer plus facilement des options et des innovations.
Comment évoluent les remboursements et comment les marques se sont-elles adaptées ?
Les fauteuils manuels seront remboursés entre 1 000 et 2 000 €, au lieu des 550–600 € actuels. Pour les fauteuils électriques, on passe à des forfaits autour de 15 000 €. Les marques ont dû remettre tout leur matériel aux normes CE, revoir les grilles tarifaires et proposer des essais plus longs. Elles ont fait un énorme travail en amont pour entrer dans ce nouveau cadre.
Cette réforme arrive-t-elle au bon moment et représente-t-elle un progrès réel ?
Oui, elle était nécessaire. Les départements n’arrivaient plus à financer correctement ces équipements. La réforme reconnaît mieux les besoins et valorise notre travail d’évaluation. Mais ce n’est qu’un premier pas : avoir un fauteuil adapté ne suffit pas si l’environnement reste inaccessible. On espère que l’uniformisation nationale réduira les disparités entre territoires, même si la mise en pratique à partir du 1er décembre reste à observer.
Propos recueillis par Clara Delanchy et Lou-Ann Le Rolland