« La magie de Noël que je ressentais étant petite, je n’arrive plus du tout à la retrouver. Tout ce que je vois c’est de l’hypocrisie, une excuse pour passer du temps avec sa famille et consommer », confie Sunita. Pour Victorine, Noël met en lumière sa famille dysfonctionnelle « c’est toujours une fête que l’on passe en famille et elle me ramène aux pires souvenirs de querelles entre mes parents. Elles sont décuplées durant cette période ». Margaux utilise la métaphore de la cocotte minute « il n’y a que des sujets et contextes qui n’ont pas besoin d’être mis ensemble, ça cuit et ça explose le 25 ». La perte de stabilité et d’unité de sa famille, donne à Léa le sentiment que « Noël est un enfer ».
Famille recomposée dans l’équation
Émilie n’a jamais vraiment aimé Noël mais son aversion s’est accentuée lorsqu’elle s’est séparée du père de son aînée « la galère de la famille recomposée, la galère à se dire, toi tu vas la prendre le 24 au soir, ou le 25 au midi ? » Noël devient alors une logistique entre les parents, les grands-parents et les trajets. Pour cette maman, accepter de ne pas avoir une de ses filles pour les fêtes de fin d’année est devenue une solution « mais ça renvoie au fait que tu n’es plus une famille dans les schémas classiques : une fête de famille qui n’en est plus une ». Pour sa fille, le problème est le même : coordonner les emplois du temps de tout le monde et courir entre les différentes familles « je fête quatre Noël en deux jours, c’est plus de l’organisation que du plaisir ».

Outre ces problèmes, l’aspect financier reste une pression pour beaucoup de famille : les cadeaux, les repas onéreux sans oublier la charge mentale de leurs préparations. Puis il y a les personnes qui boivent trop d’alcool et qui deviennent violentes, les conversations politiques houleuses quand les avis ne se rejoignent pas. La pression d’avoir un travail ou non, un enfant ou non, un partenaire ou non. Sans oublier les maladies virales qui se propagent et qui font de ces « vacances » un épuisement supplémentaire.
Se rappeler que nous ne sommes plus au complet
Puis au fur et à mesure des années, les plus uns et bébés s’ajoutent mais d’autres disparaissent, à des âges qui ne correspondent pas toujours à l’ordre des choses. « Mon papa est décédé une semaine avant Noël, alors non cette période est loin d’être agréable », confie Olivia. Pour Sunita, « depuis que ma grand-mère n’est plus là, c’est trop bizarre ».
Réinventer Noël
A défaut de subir cette période, des alternatives sont possibles. Pour Émilie, « partir à l’étranger avec sa famille » en est une. Pour Sunita et Léa, le passer entre amis est beaucoup plus agréable. Ou alors, il suffit de désacraliser cette fête et de considérer cette journée comme une autre, c’est le cas de Victorine « ça fait deux ans que je fais Noël seule, j’apprends à vivre cette fête autrement ».