Jean-François Pasques a reçu le prix du Quai des Orfèvres. ©Jean-François Pasques

Ce capitaine de police de Nantes sort son nouveau polar : « Notre ordinaire à nous, c’est l’extraordinaire des autres » 

Ce mercredi 2 avril, Jean-François Pasques, capitaine au commissariat de Nantes, sortait son neuvième roman policier : L’avocat du diable. Il raconte le lien étroit qu’il entretient avec l’écriture, et avec sa carrière dans la police. 

Au détour d’un chapitre captivant, ou au son d’une sirène dans les rues de Nantes, vous pourriez croiser Jean-François Pasques, capitaine de police. Aujourd’hui âgé de 54 ans, Jean-François Pasques s’est engagé dans la police tardivement, à ses 30 ans, après avoir entamé une carrière de chimiste. « Je n’ai jamais eu de vocation à devenir policier. » 

Mais à défaut de vocation, c’est la passion qui le nourrit depuis. Il a débuté dans le métier en tant que gardien de la paix, puis a rapidement été envoyé à la brigade criminelle de Pigalle. Et là, c’est le coup de foudre pour le métier. Il a ensuite fait un master de droit en sciences criminelles, puis a passé et réussi le concours pour devenir officier. Il a ensuite été affecté à la section criminelle de la police judiciaire à Paris. 

Mais après quelques années, sa volonté de trouver un meilleur cadre de vie pour voir grandir ses enfants se confirme. Il est donc muté à Nantes en tant que capitaine. Sous son commandement, une vingtaine d’hommes, avec qui il parcourt le terrain, et qu’il coordonne pour résoudre les troubles sur la voie publique. « Ce qui m’a fasciné dans la police, c’est qu’on rencontre énormément de gens et on a accès à des lieux interdits ».

Jean-François Pasques a reçu le prix du Quai des Orfèvres. ©Jean-François Pasques

« Je n’ai pas besoin d’imagination pour écrire »

Pour le policier, l’écriture est un impératif du quotidien. Pour chaque affaire, chaque interrogatoire, chaque enquête, les rapports de police sont indispensables pour la hiérarchie ou même la justice. Jean-François est donc habitué à l’initiative de l’écriture. Mais une chose le frustre : impossible d’y glisser la moindre émotion, il faut rester factuel. 

« J’avais du mal à revenir dans le quotidien et à en parler, je ne voulais pas faire peur à mes proches », se livre l’officier. C’est pourquoi il a commencé à écrire, cette fois en y mettant des émotions. Pour prendre de la distance. 

« Je n’ai pas besoin d’imagination pour écrire. Notre ordinaire à nous, c’est l’extraordinaire des autres. » Car les affaires dont il s’occupe lui remplissent déjà la tête. Le parfait exemple reste pour Jean-François l’affaire du violeur en série Patrick Trémeau, qu’il a lui-même interrogé. Une affaire aussi terrifiante qu’humaine, qui a marqué le policier à vie. 

Une vie mouvementée, contrebalancée par le calme de l’écriture. « Je gagne ma vie en étant policier, j’ai juste besoin de me faire plaisir en écrivant. »

Des influences aux teintes de classique 

Si Jean-François a commencé à s’intéresser à la littérature assez tardivement, il explique qu’elle lui a été d’une grande aide : « Elle m’a apporté beaucoup de réponses que je n’ai pas eues avec la science. »

Mais la littérature à laquelle il s’est intéressé, ce n’est pas n’importe laquelle : c’est la littérature classique. Chaque soir, il lit près d’une heure pour s’évader, s’émerveiller des mots. Il ne jure que par des ouvrages tels que La chute d’Albert Camus, ou encore Madame de Bovary de Flaubert.

Quand il le peut, l’officier réserve sa matinée pour écrire, parfois dès 5 heures du matin, car c’est à ce moment qu’il est le plus créatif. Il ne lit que peu de polars, de peur de tomber dans la facilité du « copier, coller ». 

Mais il lui arrive d’aider des collègues auteurs dans le besoin, qui viennent lui demander son point de vue, plus aiguisé et précis sur la vie en commissariat, ou sur quelque procédure judiciaire complexe à relater. Un exercice dans lequel il se complaît : « C’est un bonheur de donner son expertise, la démarche est très humaine. »

Un neuvième roman sans pression

Après la sortie de son roman policier à succès Fils de personne, récompensé du célèbre prix du quai des Orfèvres, et tiré à 230 000 exemplaires, la barre est haute pour son prochain ouvrage, le neuvième. Il s’intitule L’avocat du diable, et est sorti le 2 avril 2025. 

Jean-François Pasques a écumé les salons du livre à
l’occasion de la sortie de son polar © Jean-François Pasques

Mais le capitaine ne se laisse pas submerger par la pression. « Ma seule pression est de toujours avoir plaisir à écrire, à faire évoluer mes personnages. » Car ses personnages ont une signification spécifique pour Jean-François, surtout concernant le commandant Delestran, le personnage principal : « Il y a un peu de moi dans Delestran, mais il n’est pas moi. C’est un personnage que j’aurais voulu être. Moi, je ne suis qu’un homme. » Une source d’inspiration pour Jean-François, un moyen d’évoluer et de façonner le lui de demain. « C’est un personnage calme, et j’y pense pour me calmer quand je suis énervé. »

Il compte continuer d’écrire encore, le plus longtemps possible, tant qu’il aime encore ça. D’ailleurs, son prochain livre est déjà achevé. Et il saura satisfaire tous les insatiables d’aventure. Une enquête qui commencera à Paris, et qui amènera le commandant Delestran à voyager dans un autre pays pour la résoudre… 

Tristan Mahé

Le Fil Info

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