À l’occasion du festival ExtrAnimation, qui se tient à Nantes, du 10 au 14 décembre 2025, une exposition unique retrace l’histoire du cartoon par Xilam, iconique studio d’animation francophone. Entretien avec Marc de Pontavice et Hugo Gittard, créateurs de comédies.
Des zinzins de l’espace à Zig et Sharko : la comédie selon Xilam, c’est l’exposition inédite consacrée au studio français d’animation dont les séries cultes ont marqué une génération à l’échelle mondiale. Aventures truculentes, comédies tendres, burlesques, absurdes ou déjantées, la comédie, c’est l’ADN des productions signées Xilam. 25 ans que le studio parisien partage à travers ses séries animées un langage universel : le rire.
C’est drôle parce que ça ne fait pas mal !
Inspirer le rire passe par l’humour, les bruitages mais surtout les visuels. « Dans le cartoon, les personnages sont beaucoup écrasés, transformés, il leur arrive beaucoup de problèmes. » révèle Marc de Pontavice, fondateur et producteur de Xilam. La transgression des limites physiques poussée vers l’absurde se trouve être une formule partagée par Hugo Gittard, storyboarder. « La beauté du cartoon, c’est que les personnages peuvent tomber mais ne se font jamais mal et se relèvent toujours. » Mais le réalisateur reconnaît que parfois il est difficile de savoir ce qui est drôle. « On commence à avoir une petite idée de si c’est marrant ou non à partir du moment où ça fait marrer l’équipe. »

Le dessin animé pour « un contrôle absolu »
« Le dessin animé est un médium sur lequel on a un contrôle absolu. Il faut tout créer à partir de l’imagination. » observe le producteur de Xilam. À contrario, les prises de vue réelles dépendent de nombreux facteurs auxquels s’ajoutent de multiples inconvénients. « Il est toujours question de l’adaptation au réel. Alors qu’en animation on peut aller jusqu’au bout de l’imaginaire. » La liberté d’un cartoon passe notamment par la création des personnages car ce qui fait rire, ce sont les défauts. « C’est le plaisir de la recherche, de trouver des formes nouvelles. Un bon personnage, c’est celui qui a une caractéristique et une personnalité intéressante.» apporte Hugo Gittard.

« Il incarne la bonne patte que l’on a tous en nous »
Maintenir l’attrait d’une série est un défi, et la personnalité des personnages compte beaucoup, eux qui doivent toucher les spectateurs d’emblée. « On a fait plus de 500 épisodes d’Oggy et les cafards, ce n’est pas possible sans un caractère ou une personnalité attachante. Dans le cas d’Oggy, c’est un personnage qui malgré des situations parfois excessives, reste très gentil. » Hugo Gittard ajoute même : « il incarne la bonne patte que l’on a tous en nous. » Marc de Pontavice y voit là une métaphore de la réalité. « Oggy c’est un peu nous et les cafards représentent le monde extérieur, ils nous énervent. Ce sont les tracas du quotidien, ce qui nous met en pétard. Mais au fond, on est gentil. »

Malgré les évolutions, l’ADN demeure inchangé
À chaque nouvelle saison, les auteurs sont invités à repenser leur approche. « On essaye toujours de redéfinir le cadre afin d’apporter de la nouveauté, rapporte Marc de Pontavice. Parfois ça glisse un peu plus », confie-t-il, soulignant que la série peut aussi épouser des mouvements sociétaux. Un exemple marquant concerne la série Zig et Sharko. « Marina a beaucoup changé entre la saison 1 et 4. C’est un personnage qui passe d’objet à sujet pour devenir le moteur de l’action. » Malgré ces évolutions, l’identité profonde de la série demeure intacte. « Il y a un ADN très puissant qui est respecté tout au long de la série » conclut le fondateur du studio Xilam.
Florentin DELACOUR