Depuis le 2 septembre, à Avignon, se tient le procès « des viols de Mazan ». Une affaire hors normes, où plus de 50 accusés sont attendus à la barre. Témoignages et décryptage de l’ambiance sur place.
Initialement prévu à huis clos, contre l’avis de la victime Gisèle Pélicot, le procès des « viols de Mazan » se tient finalement devant la presse et le public. « Ce qui m’a peut-être le plus surpris depuis le début de l’affaire, en positif, c’est le soutien à Gisèle Pélicot », explique Inès Guillemot, journaliste à La Provence. « Je ne pense pas que cela soit du voyeurisme. Il y a beaucoup de personnes du public qui sont là, chaque jour. L’audience est retransmise dans une autre salle, où une quarantaine de personnes se trouvent. »
Une présence en masse du public, mais aussi de la presse. « Il y a 120 médias accrédités, régionaux, nationaux et internationaux. Les premières semaines, une quarantaine de journalistes étaient présents chaque jour. Ça pouvait être difficile de se faire une place, d’obtenir des témoignages », développe Alex Guey, journaliste au Dauphiné Libéré.
« La pression, on la ressent forcément. »
51 accusés sont en attente d’être jugés, dont le mari de la victime, Dominique Pélicot, accusé d’avoir drogué sa femme à son insu pour permettre à d’autres hommes de la violer. Différentes affaires sont traitées chaque jour, à un rythme effréné. « En tant que presse locale, nous sommes là tous les jours. On pensait que l’affaire allait peut-être s’essouffler. Mais on se rend compte qu’elle possède une telle ampleur sociétale, que chaque histoire intéresse le public », complète la journaliste sudiste.
Un engouement populaire qui peut amener une certaine forme de pression au moment de retranscrire les faits. « La pression, on la ressent forcément. Par l’envergure du procès, par la nature de l’affaire, par la pression médiatique et populaire. Mais aussi par la rigueur que l’on se doit d’avoir », complète Alex Guey, avant d’ajouter « couvrir un procès comme celui-là, ça implique de s’intéresser de près à l’affaire tentaculaire. De prendre du temps pour le faire, de la patience et de savoir hiérarchiser, faire des choix. Il y a des multitudes de données, d’explications, de témoignages qui sont partagés chaque jour. »
Prévu jusqu’au 20 décembre prochain, le procès n’a pas fini de livrer ses rebondissements, ses cris de joie et de pleurs, ses images effroyables de viols et sa couverture médiatique hors normes.
Par Hugo Launay