Ces cinq dernières années, le trail séduit de plus en plus de sportifs, notamment les pratiquants de l’athlétisme qui passent de la piste aux sentiers. Mais quel est le charme de cette discipline ?
“Il y a dix ans, le trail était beaucoup plus confidentiel”, assure Paul Azuelos, vainqueur du relais de 103 km du Trail de Nantes à Montaigu. La course ligérienne, créée en 2018, a rassemblé cette année plus de 1 600 coureurs. L’association organisatrice, Les Runners de la Digue, constate une augmentation du nombre de participants. Une évolution due à la popularité grandissante du trail. Chaque année, le nombre de pratiquants progresse d’environ 12%. “Ça ne m’étonne pas que cette discipline ait du succès car ce sport est accessible, explique Adèle Audonnet, qui s’est imposée sur le 35 km femmes. À Montaigu ou sur d’autres compétitions, de nombreuses distances sont proposées ce qui permet de se faire plaisir quel que soit le niveau. Aujourd’hui, on retrouve différents profils, de tout âge, de tout sexe… le trail rassemble.”
L’APPEL DE LA NATURE
Au sein de cette famille sportive, on retrouve les puristes de l’athlétisme, ceux qui avant de courir sur les sentiers, faisaient leurs foulées dans les stades. “Je suis venu au trail car cette discipline ne se caractérise pas juste par le fait de courir, c’est bien plus. Je pense que la première motivation d’un traileur est celle d’admirer différents paysages, analyse Aurélien Houdin, deuxième du relais longue distance. Sur ce Trail de Nantes à Montaigu, on suit la Sèvre Nantaise ce qui magnifie la course. Sur le 103 km on part dans la nuit… au lever du soleil, on en prend plein la vue avec les reflets et la brume qui s’invitent sur la rivière.”
Son duo, Benjamin Collineau, alterne entre l’asphalte et les chemins. “À l’origine, je suis un coureur sur route et non un traileur. Aujourd’hui, j’essaie de varier les types de courses en fonction de mes envies. Après cette compétition, je serai au départ d’un semi-marathon puis d’un autre trail.”

UNE PHILOSOPHIE DIFFÉRENTE
D’autres se consacrent aujourd’hui à 100% aux courses hors-stade. Coureuse depuis son plus jeune âge, Emmanuelle Thibaudeau s’est longtemps exercée sur piste et a aussi expérimenté les semi-marathons et marathons. Depuis trois ans, c’est le trail qui l’anime. “Les courses nature sont beaucoup plus conviviales. La philosophie est différente sur la route, notamment car la majorité des participants ont les yeux rivés sur leur chrono. Forcément, quand les gens se prennent moins au sérieux, il y a plus d’échanges entre les concurrents. Sur les trails, c’est régulier de parler avec les personnes qu’on croise.”
L’UTMB, LA MECQUE DU TRAIL
La coureuse du Bignon ne s’aventure pas que sur les sentiers ligériens. Tombée “amoureuse” du Grand Raid des Pyrénées, elle a comme beaucoup un calendrier axé sur de grands objectifs. “Le Trail de de Nantes à Montaigu est l’un de mes points de passage, explique Pierre Richer, vainqueur du 103 km solo. Dans six mois, je serai au départ de l’Eco Trail de Paris. Je devrais également faire la course longue distance du Golfe du Morbihan, l’Ultra Marin.” Le nageur sauveteur de la SNSM rêve de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, l’une des courses mythiques de la discipline. “J’aimerais participer à l’UTMB avant mes 30 ans. Pour pouvoir le faire, il faut accumuler des points donc s’engager sur d’autres compétitions majeures.” À Chamonix, les places sont chères. S’il réussit à être au départ, il fera partie des 2 500 chanceux.
Titouan Morinière