Les grands rhinolophes (ici en photo) font partie des 34 espèces de chiroptères dénombrées en France. Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire.
Les grands rhinolophes (ici en photo) font partie des 34 espèces de chiroptères dénombrées en France. Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire.

Loire-Atlantique : Chauves-souris, la mal-aimée qui protège nos nuits

Victime de légendes urbaines autant que des éolienne, le nombre de chauve-souris en France a diminué de 80% en moins de 10 ans. En Loire-Atlantique, territoire qui concentre une des plus grandes populations de l’Hexagone, le Conservatoire d’espaces naturels travaille à leur préservation.

Dracula lui a fait du tort. Et les mythes du Moyen-Âge aussi. Animal du diable, supposée assoiffée de sang, perchée dans nos chevelures à la moindre occasion… La chauve-souris traîne encore une image effrayante, loin de la réalité. « C’est une vieille rumeur, qui servait autrefois à faire peur aux jeunes filles pour les dissuader de sortir la nuit », sourit Marek Banasiak, responsable départemental du Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire. En vérité, l’animal est bien plus utile que nuisible.

En Loire-Atlantique, on compte une vingtaine d’espèces sur les 34 recensées en France, en faisant l’une des régions accueillant le plus de chauves-souris. Et toutes sont insectivores. Guidées par un système de sonar sophistiqué appelé écholocation, elles partent chasser dès la tombée du jour. « Elles consomment des papillons de nuit, parfois des ravageurs de cultures. On dit qu’elles mangent des moustiques, mais c’est un peu exagéré : ce sont des proies trop petites et peu rentables pour elles », nuance le spécialiste précisant pour autant qu’elle contribuait à leur régulation.

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Des espèces à protéger

Si certaines espèces se portent bien, d’autres déclinent fortement. En première ligne : les noctules, grandes migratrices, victimes des éoliennes. Mais la principale menace reste la perte d’habitat. « Beaucoup de chauves-souris nichent dans les combles. Les rénovations énergétiques, bien qu’indispensables, condamnent parfois leurs gîtes. » En parallèle, la disparition des haies, essentielle pour certaines espèces comme le grand rhinolophe, réduit également leur capacité à se déplacer et à chasser.

Pour y remédier, le Conservatoire achète des terrains, mais aussi des cavités naturelles ou des bâtiments abandonnés. Objectif : sanctuariser des lieux de reproduction ou d’hibernation. À Jarzé, dans le Maine-et-Loire, une ancienne champignonnière accueille désormais plus d’un millier de chauves-souris chaque hiver. L’opération « Adopte une chauve-souris », lancée par l’association, permet de financer ces acquisitions. Une contribution symbolique, mais concrète.

Et quand l’achat n’est pas possible, place aux solutions alternatives. Des gîtes artificiels sont installés dans les combles ou même sous les ponts. « On recrée des fissures dans le béton, sans fragiliser la structure, pour qu’elles puissent s’y loger », explique Marek Banasiak. Car non, ces animaux n’ont rien à voir avec des rats volants. Et encore moins avec des vampires. Même si, précise-t-il en souriant, « il existe bien une espèce d’hématophage en Amérique latine… mais elle préfère les sabots de vache aux cous humains ».

Louise Dugast

Le Fil Info

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