À Nantes, ces restaurants solidaires mêlent bières, saveurs et parcours de vie

Un an après son lancement en avril 2024, Mashup, brew-pub nantais de Tête Haute, et Fair-e allient microbrasserie, cuisine et insertion sociale. Ces lieux forment des personnes éloignées de l’emploi et réfugiés qui séduise la clientèle par leurs bières bio et leurs plats locaux.

La maison mère de Mashup, Tête Haute, fondée en 2018 par Fabien et Samuel Marzelière, emploie des personnes éloignées de l’emploi qui officient en salle et en cuisine, un tremplin pour eux pour des métiers variés. À Mashup, dirigé par Julien Grébille, « quatre des dix salariés initiaux sont en insertion, formés en cuisine, salle ou brassage ». En un an, certains ont décroché des emplois durables ailleurs, validant le modèle. Ouvert 7 jours sur 7, le lieu attire une clientèle variée avec ses bières bio et sa cuisine locale, tout en incarnant un brassage social devant et derrière le comptoir. Accompagner des profils fragiles dans un secteur exigeant, c’est le but de ce restaurant. Actuellement basée au Cellier, en Loire-Atlantique, la brasserie artisanale Tête Haute prévoit de déménager fin 2025 dans le quartier de Doulon-Gohards, à Nantes. Objectif : accélérer son développement à l’échelle nationale et renforcer son engagement social en créant davantage de postes en contrat d’insertion.

Les bières servies à la brasserie Tête Haute. Crédit : Anne-Sophie Thomas, responsable communication de Tête Haute-Mashup

Quand l’insertion passe par la création

Mashup dispose même d’une bière à leur image, élaborée en s’inspirant de leurs préférences et de leurs parcours. La firme envisage même d’adopter une démarche similaire en cuisine, avec des plats conçus par les salariés en insertion. « Cela évite de les limiter à de simples exécutants et les encourage à s’exprimer à travers la création », explique Julien Grébille. Une approche pédagogique pour renforcer leur confiance en eux.

Un autre restaurant dans le savoir-fair-e

Fair-e, un projet empreint de sens, reflété jusque dans son nom. Porté par leur association, Al.Ma, une contraction de leurs prénoms, Alice Thierry et Emmanuelle Poirier. Quant au restaurant Fair-e, son appellation est une idée d’Alice. « C’est un clin d’œil à Londres, où tout a commencé. » En anglais, fair signifie « juste », et nous avons ajouté le « e » pour insister sur la pratique. Mais cela forme aussi les initiales de « Formation, Apprentissage, Insertion des Réfugiés, Ensemble », raconte-t-elle. L’idée a germé chez Alice lorsqu’elle était fromagère à Nantes, tout en étant bénévole au Refugee Food Festival, où des réfugiés cuisinent avec des chefs locaux. « J’étais frustrée que cela ne dure qu’une semaine, confie-t-elle. J’ai voulu pérenniser cela avec un restaurant. »

La microbrasserie Mashup : Crédit : Anne-Sophie Thomas

La cuisine, un pont entre les cultures

« On a réalisé que la cuisine est un formidable moyen de rapprocher les gens », indique Alice. C’est pourquoi associer leur passion à la cause des réfugiés leur a paru naturel. « On véhicule souvent une image négative des réfugiés, comme s’ils venaient prendre le travail des Français. Nous, on veut rendre cela plus léger et positif. » Pour elles, la cuisine est avant tout un prétexte pour encourager les échanges entre des personnes qui n’ont jamais eu l’occasion de côtoyer ce public comme la parfaite synthèse, « Formation, Apprentissage, Insertion des Réfugiés, Ensemble ».

Evan Walter

Le Fil Info

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