Les 4 fondeurs de Lemer devant leurs ornures installées sur Notre de Dame de Paris

Fonderie Lemer, le fleuron nantais rebâtit la cathédrale de Notre-Dame 

Installée au cœur du vignoble nantais depuis 1878, la fonderie Lemer est bien plus qu’une entreprise familiale. Héritière de la maîtrise du plomb, aujourd’hui, elle brille sur la scène nationale grâce à son rôle dans la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.  

Il aura fallu seulement six mois pour que l’équipe Lemer produise 26 pièces en plomb, destinées à orner la toiture de l’édifice emblématique. François Chatelain, responsable de production depuis 17 ans, se réjouit de ce défi unique. « Le plomb était le matériau d’origine de Notre-Dame, et il reste un matériau à la fois écologique et performant, puisqu’il est 100 % recyclable », souligne-t-il.

Pourtant, son utilisation soulève encore des interrogations, souvent liées à son poids. Lemer a donc profité de l’occasion pour sensibiliser à ses qualités techniques et environnementales, tout en répondant à des exigences de sécurité et d’hygiène strictes recherchées par le client, UTB, une entreprise parisienne de BTP. 

Une prouesse technique à la croisée de l’histoire et de l’industrie 

La fabrication des ornements pour Notre-Dame a représenté une avancée technique majeure pour Lemer, habituellement spécialisée dans des secteurs tels que le nautisme, le nucléaire et la pêche. « Nous ne travaillons pas dans l’ornement d’art ; c’était une première. Nos pièces devaient être techniquement irréprochables, mais aussi répondre à des exigences esthétiques historiques », précise François Chatelain.

Parmi les éléments produits, figure un fleuron d’un mètre surmonté d’un épi, une structure complexe alliant légèreté et robustesse grâce à une conception en monocoque creux. Partis d’un simple modèle, les quatre techniciens mobilisés ont relevé un défi organisationnel d’envergure : produire 26 pièces uniques en six mois seulement, là où des fondeurs d’art traditionnel en réaliseraient deux par an.  

Le plomb, un matériau durable 

Cette collaboration a également mis en lumière les valeurs environnementales de Lemer. Toutes les pièces ont été réalisées en plomb recyclé, issu de batteries usagées, « C’est un matériau injustement décrié, qui résiste mieux que tout autre aux agressivités de l’environnement », ajoute le trentenaire, qui voit dans cette expérience une opportunité de redorer l’image du plomb. 

UTB, le donneur d’ordre, a organisé une visite spéciale pour une cinquantaine de membres de l’association Rebâtir Notre-Dame de Paris. Cette immersion au cœur de la production a permis de mieux comprendre le travail accompli et de souligner l’importance de ce savoir-faire industriel dans un projet patrimonial d’envergure. 

Un tremplin vers l’avenir ?

Pour Lemer, ce contrat prestigieux n’a pas apporté de retombées économiques pour la fonderie, mais a permis de s’ouvrir à d’autres collaborations dans le domaine des monuments historiques, où la demande en expertise technique et en matériaux durables est forte. “Avec ce défi, on est prêt à réitérer ce genre d’expériences” soutient François Chatelain, enrichi par la reconnaissance qui l’a suivi. 

Invitée à Paris pour admirer ses créations montées sur la cathédrale, l’équipe de la fonderie savoure déjà un premier succès : celui d’avoir contribué à un projet de réhabilitation qui transcende les générations. Plus qu’une mission technique, cette aventure a renforcé leur fierté locale et fait rayonner leur savoir-faire dans toute la France.  

Baran Baudouin

Le Fil Info

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