Le périphérique Est de Nantes, entre porte de la Chapelle et porte de la Beaujoire, est périodiquement sujet à des inondations en raison de crues du Gesvres. Nathalie Chouan, responsable de la mission communication, animation et relations extérieures de la Direction Interdépartementale des Routes Ouest, nous en dit plus.
Pourquoi des inondations affectent
le périphérique ?
Nathalie Chouan : « Le Gesvres, avant de rejoindre l’Erdre, franchit le périphérique de Nantes entre la porte de la Chapelle et la Porte de la Beaujoire. Il s’agit d’un point bas du périphérique de Nantes sur ce secteur. C’est ce qui conduit à observer des débordements du Gesvres sur cette partie du périphérique lors d’épisodes pluvieux importants.

Comment expliquer les épisodes pluvieux ?
« L’intensité et la durée de l’épisode pluvieux constituent le premier élément à l’origine des crues observées. Celles-ci apparaissent cependant avec un relatif décalage par rapport à l’épisode pluvieux. En cause, la singularité du bassin versant, qui s’étend sur 77 km² (soit environ 1,5 fois la superficie de l’île de Noirmoutier). Le Gesvres s’écoule sur 27 km avec une très faible pente moyenne (0,3 %). Cette singularité concourt à une lente montée en charge du Gesvres et au décalage entre les pluies et la crue. La surveillance réalisée au niveau de la station de Treillières permet de conforter les prévisions et par conséquent anticiper le risque de coupure du périphérique. »
Donc, plus il y a d’eau entrant dans un bassin plat, plus le débit d’eau sortant augmente ?
« C’est ça. Le débit augmente à mesure que le bassin versant, très plat, se remplit d’eau. Lorsque la pente est proche de zéro ce qui est le cas pour le Gesvres (0,3%), les cours d’eau s’écoulent par la pression hydraulique de l’eau plus en amont plutôt que directement par gravité. En l’occurrence, avec un profil très faible, c’est l’élévation du niveau de l’eau qui, par effet de charge accroît le débit au niveau de l’exutoire. L’influence de la hauteur d’eau du cours d’eau aval sur le débit est également à considérer dans le cas présent : Plus l’écart entre niveau amont et aval est réduit, plus le débit est faible. »
Pourquoi n’est-ce pas possible de relever premier niveau de la chaussée du périphérique ?
A cet endroit, il s’agit d’un ancien boulevard urbain (Boulevard Alexander Flemming) reliant les porte de La Chapelle et de la Beaujoire. Construit dans les années 1970 sur une zone de sols compressibles (marais), à une faible altimétrie, le boulevard Flemming supporte un trafic qui a considérablement évolué . Il est par conséquent soumis à un trafic plus important et plus lourd. Même s’il a fait l’objet de restructurations et de mise aux normes, le Boulevard Flemming est soumis à d’importantes contraintes. En 2016 des travaux d’aménagement au niveau de la porte de la Chapelle ont été réalisés dans le but d’améliorer le flux du Gesvres vers l’Erdre.
Combien d’inondations comptons-nous en moyenne par an ?
Le nombre d’événements “inondation“, générant des coupures d’au moins un sens de circulation, est plus faible sur la période 2016-2024 (=13) malgré les conditions climatiques exceptionnelles depuis 1 an que sur la période 2007-2015 (=15). En 2024, on comptabilise sept évènements avec au moins la coupure d’un sens de circulation.
Quels sont les facteurs aggravant les inondations ?
Il y en a plusieurs. L’intensité des épisodes pluvieux au moment de la crue, le volume des précipitations précédant la crue, celles-ci concourent à la saturation des sols qui ne sont plus en capacité d’absorber les précipitations, les épisodes plus intenses et plus nombreux ainsi que l’influence de l’Erdre qui peut pénaliser l’écoulement des eaux en aval.

Quels sont les solutions mises en œuvre pour minimiser les perturbations liées aux inondations du périphérique pour les usagers ?
Des itinéraires de substitution ont été établis (itinéraires S5 et S6 pour les trajets courts, et itinéraires S7 et S8 pour les trajets longs), avec prise en charge financière du péage par l’État, afin de garantir la continuité et la sécurité des circulations et nous avons programmé en 2025 (si la météo est favorable) l’inspection des buses du Gesvres pour voir si nous pouvons faciliter le passage de l’eau. Également, l’information est mise à jour en temps réel sur les serveurs du ministère alimentant ainsi les opérateurs de trafic et navigateurs.
Pauline Le Gall