Sur l’île de Nantes, une transformation s’écrit depuis plus d’un siècle. Longtemps territoire industriel, puis marqué par la crise et l’abandon, ce morceau de ville est aujourd’hui devenu un nouveau centre de vie avec des travaux de grandes envergures à l’image du pont Anne-de-Bretagne.

Comme Beaulieu ou Sainte-Anne, l’île de Nantes s’agrandit. Un an après le début des travaux, le pont Anne-de-Bretagne, reliant les deux rives de la Loire, est réaménagé pour accueillir deux lignes de tramway et une ligne de busway d’ici 2027, pour un coût de 50 millions d’euros. Autrefois emprunté par 15 000 automobilistes par jour, il est désormais réservé aux piétons, cyclistes et véhicules de secours, obligeant les conducteurs à passer par d’autres ponts ou à choisir les transports en commun.
D’une île rurale à un bastion industriel
Jeanne, âgée de 78 ans, est née sur l’île en 1947. Elle a grandi dans ce qui s’appelait alors l’île Beaulieu où il y avait de grandes prairies, des hameaux et de petits chemins. « On vivait au rythme de la Loire, entre pêcheurs et paysans », se souvient-elle. Mais dès les années 1950, tout change. L’industrialisation s’impose avec les chantiers navals Dubigeon et les usines métallurgiques qui redessinent le paysage. « On voyait les fumées noires, on entendait les sirènes toute la journée. » L’île devient un moteur économique, attirant ouvriers et familles. Mais cet âge d’or industriel prend fin brutalement dans les années 1980. Les chantiers ferment, les usines s’éteignent, et l’île plonge dans une période de friche et de désolation. Il faudra attendre les années 1990 pour qu’un nouveau souffle apparaisse.

Une renaissance urbaine
Malik, aujourd’hui graphiste, découvre l’île en 2005. Il a 28 ans à l’époque. « J’ai découvert une île en pleine renaissance », raconte-t-il. Sous l’impulsion de la ville et de l’urbaniste Alexandre Chemetoff, l’île entame alors sa mue. Les anciennes nefs industrielles sont réhabilitées, accueillant désormais des startups, écoles d’art et les célèbres Machines de l’île. Malik travaille depuis sur l’île de Nantes dans un loft rénové près du Hangar à Bananes. « C’est un mélange unique. Depuis mon poste de travail, je vois la Grue Jaune, les Machines de l’île et le pont Anne-de-Bretagne. » Un paysage en pleine expansion où l’attractivité ne cesse de grandir. Celui d’une île résolument tournée vers l’avenir, où les mobilités douces prennent le pas sur la voiture, et où chaque mètre carré est repensé pour répondre aux enjeux climatiques et sociaux.
Evan Walter