Face à une crise budgétaire inédite, Nantes Université et les établissements d’enseignement supérieur dénoncent une situation alarmante. Charges croissantes, financements insuffisants et déficits en cascade menacent directement leurs missions fondamentales. L’heure est à la mobilisation pour défendre l’avenir de la formation et de la recherche.
Les universités françaises se retrouvent dans une situation critique. En cause : le projet de loi de finances 2025, porté en octobre par le gouvernement démissionnaire, imposait une réduction budgétaire de 350 millions d’euros aux établissements d’enseignement supérieur. Ces coupes interviennent alors que le secteur doit déjà faire face à une augmentation de ses charges.
« Trop, c’est trop », tranche l’université de Nantes. « Le décideur doit être le payeur. » L’établissement appelle le gouvernement à assumer l’impact financier de ses décisions, sous peine de voir des établissements dans l’incapacité de payer les salaires de leur personnel dès 2025.
Cette accumulation précipite les universités dans le rouge : selon France Universités, 60 établissements devraient finir l’année 2024 en déficit, et celui de Nantes est estimé à 15,9 millions d’euros.
Un contexte qui dure depuis plusieurs années
À Nantes Université, les conséquences seraient problématiques : réduction des capacités d’accueil sur Parcoursup, suppression de formations, fermeture de sites délocalisés ou encore abandon des rénovations immobilières.
Au fil des années, l’enseignement supérieur français a subit une forte pression budgétaire. C’est aussi le cas pour Nantes Université. « Depuis 2017, à l’échelle du pays, le nombre d’étudiants a augmenté de près de 12 %, alors que le budget de l’enseignement supérieur a baissé de 4 % en euros constants », alerte l’université de Nantes dans un communiqué, publié lundi 2 décembre 2024.
Pourtant, l’établissement nantais semble encore exemplaire avec un taux d’insertion professionnelle de 95% pour ses diplômés de master.
Une mission menacée
Les chercheurs et enseignants de Nantes Université mènent des travaux d’une grande importance, qu’il s’agisse de la découverte de nouveaux mécanismes anticancéreux, de la préservation des écosystèmes côtiers ou encore des recherches sur le stockage de l’énergie. Mais ces missions s’exercent dans des conditions de plus en plus précaires.
Par exemple, l’augmentation du Compte d’Affectation Spéciale pensions (CAS) destiné au financement des retraites de l’État, représentent pour Nantes Université une charge supplémentaire de 5,8 millions d’euros depuis 2022, avec un surcoût estimé à 4,3 millions d’euros pour 2025.
En France, le financement par étudiant a chuté de 15 % depuis 2017, selon le communiqué de presse. Et, les dernières mesures gouvernementales « mettent en péril la poursuite de nos activités », renchérit l’université de Nantes.
Un appel à la mobilisation
Refusant de sacrifier la qualité de ses formations et de sa recherche, Nantes Université en appelle aux élus et à la société civile pour défendre le service public de la connaissance : « Nos universités sont un choix d’avenir. Leur rôle est central en matière de formation et de recherche. »
L’université rappelle que chaque euro investi dans l’enseignement supérieur rapporte quatre euros à la société. Alors que le projet de loi de finances 2025 est au point mort avec le contexte politique actuel, Nantes Université reste dans le flou, en attendant de voir les futures décisions prises par le prochain gouvernement.
Par Alexis Andouard