“Il n’y a pas de mot intraduisible”. Portrait d’une traductrice littéraire

Son nom passe presque inaperçu, pourtant il côtoie celui de l’auteur. Depuis onze ans, Alix Dewez retranscrit les parutions anglophones dans la langue de Molière. Elle raconte.

Dans le monde de la littérature, il s’agit d’une étape que l’on a tendance à omettre lors de la lecture d’un livre. Avez-vous déjà pris le temps de vous arrêter sur l’une des pages postérieures à la couverture ? Si c’est le cas et que votre roman est écrit par un auteur étranger, vous remarquerez en contrebas une autre identité que celle de son auteur.

Alix Dewez est traductrice littéraire depuis onze ans, et peut-être bien que c’est son nom qui apparaît sous votre nez. Mais dans une police d’écriture bien moins lisible que la tête de couverture. Bien qu’il s’agisse d’un travail invisible, il est essentiel à la diffusion de la littérature par delà les frontières linguistiques.

Une traductrice en devenir

J’ai eu la chance d’avoir été exposée très jeune aux cultures et langues étrangères“, nous apprend Alix Dewez, 37 ans. Dès ses six ans, elle s’envole par l’impulsion de son paternel pour les Pays-Bas. Ils y demeureront trois années. Là-bas, Alix découvre l’anglais à travers le cinéma, dont les projections sont naturellement en langues étrangères.

J’ai découvert le Roi Lion en anglais et en néerlandais avant de le voir en français“. Une nouvelle fois, la famille déménage pour s’installer huit ans en Autriche. Le parcours scolaire n’est pas omis et Alix passe son Baccalauréat littéraire au lycée français de Vienne, en y mettant l’accent sur les langues.

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Mais en deuxième année de licence d’art plastique, la jeune femme prend sa décision. “Je veux être traductrice. Tant pis si c’est compliqué de se trouver une place, j’irais jusqu’au bout“. C’est alors parti pour une licence LLCE de trois ans, avec en dernière année, une option pour se spécialiser en traduction. “J’ai sauté dessus” confie Alix. S’en suis un master, mais les places se réduisent à petit feu. La jeune femme craint de se louper. Mais victoire ! Elle le termine.

Premier jet, première plume

La première mission d’Alix ne tarde pas à pointer le bout de son nez. A l’automne 2014, la jeune femme retrouve l’éditrice qui lui avait proposé son stage d’études. “Elle me dit :”J’ai quelque chose pour toi”. En l’occurrence de l’urban fantasy. Des éléments surnaturels qui vont avoir lieu de notre monde à nous. J’étais très très en joie“. Pas sa tasse de thé littéraire “mais c’était divertissant“, se réjouit-t-elle.

Aujourd’hui une quarantaine de romans sont passés sous la plume traductrice d’Alix Dewez. “Le but n’est pas de faire exactement comme l’original mais presque. On va disséquer les mots, voir ce qu’il y a derrière : les émotions, le sens, le rythme des phrases. On essaye de recréer ce que l’auteur à construit“. Alix le souligne : “Il n’y a pas de mot intraduisible”.

Florentin DELACOUR

Le Fil Info

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