À Ouessant, Dominique Baot est photographe depuis plus de dix ans. Il capture la fureur des tempêtes et la beauté sauvage de son île. Ancien marin, ce vieux loup de mer passionné vit au rythme des vents et des vagues.
Dominique Baot est photographe à Ouessant. Ils sont trois à immortaliser les paysages de l’île déchirés par les éléments. Certains de ses clichés ont fait le tour du monde, comme celui d’un hélicoptère pris dans la tempête.
Dominique est un sacré personnage, comme on en croise sur les îles. Le visage buriné, froissé par les tempêtes, il arbore le teint mat de ceux qui ne restent jamais très longtemps entre quatre murs. Il est de ceux qui vivent pour et au-travers des éléments. Qui se laissent imprégner par eux. Ses lunettes de soleil en témoignent : il ne les a jamais sur le nez. Elles ne protègent que son crâne. Dans sa galerie, située au centre de l’île, au coeur du bourg de Lampaul, il présente son travail. Derrière sa vieille caisse-enregistreuse, il n’hésite à livrer tous les secrets de ses clichés.
Ses yeux brillent encore lorsqu’il évoque la vague de 40 mètres de haut qu’il a vu un jour au Créac’h.
Ou cette photo du phare du Créac’h qu’il a mis trois ans à prendre, attendant la nuit parfaite. Ou encore son bonheur de fixer dans l’objectif les tempêtes hivernales.
Soudain, sa voix se brise contre les matins tragiques. Comme celui où il a vu une vague emporter une enfant sous ses yeux impuissants.
Il se ressaisit aussitôt et retrouve son enthousiasme pour nous mener découvrir ses coins favoris. Il nous embarque dans sa Citroën bordeaux passée par le sel et le soleil. À l’intérieur, l’air est chargé et les tissus imprégnés par le tabac froid. Sur les sièges, au milieu des câbles emmêlés, les appareils, objectifs et jumelles, sont éparpillés négligemment. L’homme n’est pas matérialiste. Ce ne sont là que des outils.
Arrivé à la pointe de Pern ou au pied du Créac’h, lieu de ses passions photographiques, il coupe le contact, balance ses clés sur le tableau de bord et se rue sur son appareil photo, prêt à se confronter aux éléments.
Il part alors à la recherche de la vague ou de la couleur parfaite. Et ça, pendant plusieurs heures.
Evan Brehier