Geoffrey le marionnettiste
Geoffrey donne vie aux marionnettes depuis son enfance.

Nantes : le marionnettiste Geoffrey Saumont a Guignol dans la peau

Chaque premier dimanche du mois à Nantes, le petit théâtre de Viarme accueille Geoffrey Saumont et sa marionnette Guignol. Le Breton exerce son métier-passion depuis l’enfance. Portrait.

Geoffrey Saumont a très vite décidé de perpétuer la tradition familiale. De 1933 à 1955, dans une galerie marchande de Saint-Brieuc, son arrière-grand-père animait un théâtre de marionnettes pour ramener les clients dans sa boutique. Des années plus tard, le père de Geoffrey retrouve, dans une malle, les fameux pantins. Une révélation pour lui. Il commence à pratiquer pour ses proches, puis décide d’en faire son métier. Geoffrey grandit dans cet univers dont il tombe tout de suite amoureux : « dès mes 9 ans, j’ai voulu devenir marionnettiste ».

Geoffrey avec sa marionnette Polichinelle. Un personnage rebelle auquel il s’identifie.

Le jeune Costarmoricain traîne dans les pattes de son père : « je le suivais surtout pendant les vacances scolaires. J’aidais pour le montage et le démontage, je regardais ses spectacles et ceux des autres artistes ». L’impatient garçon, qui a toujours eu soif d’apprendre, a très vite voulu aller plus loin. Il commence à jouer dès ses 12 ans : « j’ai d’abord manipulé des marionnettes faciles, puis on augmentait la difficulté. Au début, mon père s’occupait du texte. Il m’a ensuite laissé la cabane, je gérais tout, mais sans trop de stress, car j’imitais juste mon père finalement. »

Il perfectionne son art à Naples

À 16 ans, Geoffrey crée et donne son premier spectacle, un peu trop vite peut-être : « je me suis ramassé sur une place de Rennes. Je découvrais la marionnette Polichinelle, l’ancêtre de Guignol. J’ai joué sans micro, sans musique et sans préparation. Mais bien plus tard, un confrère qui avait assisté à la scène m’a dit que je m’en étais quand même bien sorti, donc ça va. »

Le métier de marionnettiste en tête, il décide de suivre un BEP menuiserie et un CAP ébénisterie au lycée Joseph Savina de Tréguier. Le Breton rejoint ensuite Naples pour se former auprès de l’expert des marionnettes Bruno Leone : « en trois semaines, j’ai beaucoup appris sur Polichinelle qui est très important là-bas. On fabriquait nos pantins, on se testait en jouant dans les rues. Je me suis même produit sur le Vésuve. »

Une des performances de Geoffrey Saumont, accompagné par Vincent Burlot.

Après plusieurs voyages, Geoffrey est retourné dans la compagnie de son père : le théâtre des Tarabates. Il se rappelle : « j’étais technicien, fabricant de décors et marionnettiste. » Puis l’artiste de 35 ans décide de créer sa propre compagnie en 2023 : le théâtre Sirocco. « Nous sommes quatre ou cinq mais ça peut varier. On se spécialise dans la marionnette à gaine, mais aussi dans le masque ou le théâtre d’objets. »

Le trentenaire a aussi rejoint le collectif artistique nantais Label Ville en 2022. « J’y suis entré car les membres pratiquent des arts variés, donc on s’apporte des regards différents qui enrichissent nos créations. Et c’est un groupe engagé socialement qui souhaite toucher tous les publics », ajoute-t-il. Ces dernières années, l’autodidacte s’essaie même au stop motion.

Le studio Sirocco a sorti son premier court-métrage d’animation sur YouTube le 23 mars dernier.

Un marionnettiste de son temps

Méticuleux dans toutes les étapes de fabrication, Geoffrey façonne ses marionnettes en respectant la tradition, comme il l’a appris à Naples. En revanche, il combat les visions classiques de certains qui limitent son art à une comédie pour enfants :

« J’essaie d’amener un renouveau et je cible toutes les tranches d’âge. Oui Guignol fera toujours rire mais il peut convoquer des thématiques contemporaines. Et puis je propose des spectacles plus durs comme celui avec la marionnette vraiment méchante : Mister Punch. J’aborde le suicide par exemple. J’aime aussi offrir un contenu réfléchi avec différents niveaux de lecture et du symbolique. »

À chaque représentation, l’artiste cherche à procurer des émotions au public. Il assure que l’on peut faire « rire et pleurer avec des morceaux de bois. » Ce dimanche, au petit théâtre de Viarme, place plutôt aux rires, et même parfois à l’improvisation, tant Geoffrey a joué les histoires de Guignol qui vous attendent.

Clément Brevet

Le Fil Info

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