La SNCF lance, entre Nantes et Carquefou, des navettes autonomes électriques sans conducteur. La mise en service est prévue pour 2027, une première française.

L’ancienne voie ferrée entre Nantes et Carquefou ne voit plus passer de trains depuis bientôt quinze ans. Désormais, elle accueille des minibus robotisés sans conducteur. Ce projet ambitieux a été baptisé MASIPRO (Mobilité Autonome en SIte PROpre), et est financé à hauteur de 10 millions d’euros par Bpifrance (la banque publique d’investissement).
Une ligne de 4 kilomètres de Nantes à Carquefou
Les expérimentations avec des véhicules autonomes ont lieu depuis 2020, sur une section de deux kilomètres, entre la gare de Carquefou et le secteur de la Mainguais. Cette première portion de Pioma (Plateforme d’Innovation Ouverte pour la Mobilité Autonome) va être étendue dans les prochains mois. ” Début 2026 au plus tard, le site devrait passer de 2 à 4 kilomètres pour desservir des quartiers résidentiels et des zones d’activité de Carquefou, aux portes de Nantes “, explique François Ramond, directeur de Projets Mobilité Autonome au sein du groupe SNCF.
Les navettes devraient relier la rue Joseph Cugnot à la rue du Tertre, sur la plateforme de l’ancienne voie ferrée. Huit arrêts seront créés le long du trajet, dont certains connectés au réseau de bus Naolib.

Quatre minibus pour 2027
Quatre minibus de 10 à 25 places doivent circuler. ” Nous recevrons les véhicules avant l’été, pour une marche à blanc jusqu’à fin 2026. L’expérimentation débutera véritablement début 2027, pour un an. Deux phases sont prévues : une avec un “safety operator” à bord, puis une phase en autonomie 100 %. ” indique David Borot, directeur des programmes d’innovation mobilités émergentes à la SNCF.

Les enjeux techniques sont importants. Ces véhicules robotisés doivent pouvoir franchir à 50 km/h, en toute sécurité, des intersections routières. ” Nous avons mis en place des réseaux privés, 4G ou 5G, pour expérimenter et sécuriser la localisation et le suivi à distance des véhicules ” fait savoir François Ramond.
Une solution pour les voies ferrées abandonnées ?
L’enjeu est important pour la SNCF.
” Notre objectif est de démontrer la pertinence de ce type de solution, tant sur le plan technique que serviciel. “
Cela pourrait donc permettre, à terme, de rouvrir facilement des voies ferrées délaissées. Pour rappel, reconstruire une voie ferrée classique coûte environ 1,5 millions d’euros par km, et, depuis 2015, il est interdit de construire ou remettre en service des passages à niveau.

Un transport en commun autonome de ce type serait une première. Des expérimentations de robot-taxis individuels existent déjà aux États-Unis et en Chine, mais la France disposerait, selon la SNCF, d’un des tous premiers services de minibus collectif autonome au monde.
Léo Cognée
