Immersion dans le monde du galop : du frisson des pistes au calme des écuries

Pendant deux jours, je suis passé de l’autre côté de la barrière, découvrant l’hippisme entre l’effervescence des courses à l’hippodrome de Nantes et l’intimité du travail de l’entraînement à l’Écurie des sables de Val d’Erdre Auxence. Une plongée pleine de surprises où la passion unit l’homme et le cheval.

Créatrice, une pouliche étant arrivée il y a peu à l'écurie des Sables

L’immersion commence par l’aspect le plus visible et le plus médiatique du monde du galop : les courses. À l’hippodrome de Nantes, l’atmosphère est unique. Les courses de la journée ne réserveront pas d’affrontements épiques entre jockeys, selon les connaisseurs, et pourtant, l’ambiance est particulière. Le public, hétéroclite et de tous âges, va des parieurs – toujours présents, même quand ce ne sont que des courses régionales – tous venus pour le spectacle. Et il y a l’odeur, dès l’arrivée, mélange d’oignons frits et de saucisses : un stand vend des sandwichs américains, entre autres. C’est champêtre et ça donne la couleur de l’après-midi. 

L’adrénaline de la course

Mon œil de novice est ensuite très vite pris par l’éclat du pelage des pur-sang qui attendent pour se faire seller, puis dans le rond de présentation. Une autre odeur caractéristique me titille le nez, celle de l’herbe fraîche, du sable de la piste et du crottin, évidemment ! Les courses s’enchaînent toutes les trente minutes. Un silence relatif, puis le grondement des sabots qui s’élancent et le commentateur de l’hippodrome qui relève le tout d’une certaine frénésie. La course elle-même est un éclair de puissance. Les chevaux, projetés en avant par une énergie incroyable, vont de plus en plus vite. C’est court, intense, et la clameur qui salue l’arrivée est communicative. J’ai tenté ma chance avec un petit pari, mais au-delà du gain potentiel, c’est le fait de “suivre” son cheval, de vibrer pour lui, qui rend l’expérience si prenante. J’ai d’ailleurs pu monter dans le camion de course, un ancien corbillard, qui longe la piste et qui permet à un commissaire de vérifier la bonne tenue de la course. Bon, mon cheval a fini septième, tant pis pour mon pari. La première journée s’est révélée très excitante, mais elle ne montrait que la partie émergée de l’iceberg.

L’envers du décor, entre complicité et rigueur

Si le jour 1 était le spectacle, le jour 2 fut plus intimiste. Direction les Écuries de Val d’Erdre-Auxence, où je suis invité par Étienne d’Andigné, jeune mais talentueux entraîneur. Ce matin, alors que le soleil automnal est déjà haut dans le ciel de la campagne, l’ambiance est studieuse, calme. Ici, point de foule ni de paris, mais l’authenticité du travail. L’odeur du foin et du cuir remplace celle d’hier. Reste l’odeur du crottin de cheval.

J’ai pu suivre les entraînements des quelque 75 chevaux présents sur le site. La préparation des chevaux, leur échauffement tout doux fait de marche et d’étirements, le dialogue constant entre les jockeys et leurs montures, une vraie relation de confiance qui se lit dans les gestes et les regards. Puis vint le moment de l’entraînement sur la piste. Les chevaux, plus détendus que la veille mais tout aussi impressionnants, enchaînent les tours à plus ou moins grande vitesse au rythme de l’entraîneur. C’est un ballet réglé au millimètre, où chaque foulée est analysée, chaque respiration comptée. On croirait presque à une chorégraphie maintes fois rôdée. Voir ces géants en action, si proches, sans les barrières de l’hippodrome, est une expérience entièrement différente, plus intime. Les chevaux finissent la session d’entraînement dans l’eau fraîche d’un petit étang, sorte de cryothérapie naturelle pour la récupération des chevaux. Preuve que leur bien-être est au cœur des préoccupations.

La salle des balances, un moment clé et stressant pour les jockeys avant le départ d'une course.

Une expérience riche qui change le regard

Ces deux jours ont été une formidable découverte. Passer de l’excitation spectaculaire de l’hippodrome de Nantes à la sérénité exigeante des écuries permet de saisir toute la complexité et la beauté de ce sport qu’est l’hippisme. Le fait d’avoir été au plus près d’Aymeric Lelièvre, un jockey professionnel, a été d’une grande richesse. J’ai pu mesurer à quel point la passion se vit autant dans les tribunes que dans le silence du matin, au contact de ces animaux extraordinaires. Une excellente expérience qui m’a à nouveau permis de mesurer le charisme que dégagent les chevaux.

Le Fil Info

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