La Ville de Nantes encourage depuis des années l’art urbain, soit par le mural, soit par le graph. Avec l’installation de 27 murs libres depuis les années 2000, elle essaye à la fois de promouvoir cet art, mais aussi communiquer sur son image de ville de la culture.
Pour SEMOR, artiste mural nantais, ces initiatives sont novatrices. Pour avoir réalisé des partenariats avec la Ville de Nantes, l’artiste salue les projets mis en place, que la ville ai très tôt mis en place ces murs. Lui, de son côté, a réalisé de nombreux partenariats avec la ville, notamment la fresque “Trafic”, œuvre monumentale de 140m de long réalisée sur les bords de Loire. Son investissement lui permet de promouvoir le muralisme, variante légale et plus monumentale que le graph. Pour autant, il ne met pas en opposition son art avec le graph et le tag, car cette discipline “vandale” n’est pas en opposition avec ses valeurs. Son parcours artistique s’est construit sur cette pratique du dessin avant tout : « On a un vrai travail de fond, de duo, d’un binôme qui s’est développé comme ça. Ça a pris la forme de sculptures, de dessins, de toiles et de fresques à différentes destinations ». Il ne se définit pas comme un vandale : « On n’a jamais prôné ou revendiqué un côté gros vandale. Je dirais qu’on est plus des chercheurs ».
Une ouverture qui cache des envies de contrôle
« La politique de la ville de Nantes, c’est être la cité de la culture. Donc, oui, ils ont autorisé de plus en plus de murs à se faire. » Mais cette générosité urbaine a ses limites : elle reste avant tout utilitaire. « Du moment que ça sert son image, oui. » Selon Semor, le dispositif des murs libres et des grandes fresques subventionnées s’inscrit dans une logique de branding, où la ville se montre accueillante, créative et « ouverte ». Il faut néanmoins que les œuvres produites n’abîment pas le récit politique qu’elle sert. Certaines pratiques restent indésirables. « Les gros tags, même bien faits, ils n’en veulent pas trop ». Et même les formes d’expression politiques sont prohibées par la ville. Selon lui, les murs sont donc un moyen de canaliser l’expression artistique : « Ils ont laissé des murs libres pour faire tampon. S’il n’y en a pas d’autorisé, ça sera fait à la sauvage ». Ces murs libres sont d’ailleurs répartis dans la Métropole, partout sauf dans le centre historique et touristique. Un haut-lieu de culture qui accueille pour autant d’autres formes d’art. « Forcément, pour eux, le tag, le graffiti, c’est un peu dégueulasse. Par contre, ça les arrange d’en avoir à certains événements. »
Victor Geslin