Représentation ©BastienCapela
Représentation ©BastienCapela

Nantes : quand les archives prennent vie

Du 2 avril au 21 septembre, les Archives départementales de Loire-Atlantique à Nantes proposent une plongée sensorielle au cœur de la mémoire collective grâce à une installation audio-visuelle originale.

Et si les archives n’étaient pas que des piles de papiers rangés dans des cartons ? Si, au lieu d’un savoir figé, elles étaient aussi une matière vivante ? C’est cette vision que défendent les Archives départementales de Loire-Atlantique à travers une installation artistique ambitieuse, visible dès aujourd’hui et jusqu’au 21 septembre.

Installée au cœur du bâtiment situé au 6 rue de Bouillé à Nantes, cette création sensorielle a été pensée comme une porte ouverte sur le passé. Ici, il ne s’agit pas tant de transmettre un savoir académique que d’offrir une expérience immersive, capable de toucher le visiteur dans sa sensibilité. « Notre principal objectif était d’amener les archives à l’extérieur, dans des ehpad ou dans des espaces où les gens sont à mobilité réduite par exemple », explique Bastien Capela, vidéaste et créateur de l’œuvre.  

Des vacances et des cartes postales

Cette démarche innovante s’inscrit dans une volonté plus large : dépoussiérer l’image que l’on associe souvent aux documents d’archives. Trop longtemps perçus comme austères, réservés aux chercheurs ou aux passionnés d’histoire, ces documents sont désormais revalorisés par l’intermédiaire de l’art.

« Les archives m’ont contacté avec ce projet de faire une boîte », raconte Bastien Capela. « Ils souhaitent créer un temps d’audiovisuel immersif. […] Mais il fallait savoir pour quel espace créer ces vidéos : un réfectoire improvisé, une vraie salle dédiée ? Donc il a fallu penser l’objet le plus mobile possible. »

Le thème retenu ? L’eau, mais aussi les vacances. Un duo évocateur de souvenirs et de sensations qui nous parlent à tous. À partir d’un ensemble de cartes postales anciennes, extraites des collections iconographiques conservées sur place, l’artiste a conçu un film d’animation poétique, dans lequel les images prennent vie, et racontent une histoire.

Une boîte immersive

Mais l’originalité du projet ne s’arrête pas là. Le dispositif de projection, conçu spécialement pour l’occasion par la designer nantaise Sarah Lapin, prend la forme d’une boîte immersive.

« L’œuvre s’inspire de l’esthétique des boîtes d’archives anthracite, avec leurs formats variés et leurs rangées organisées en quadrillage. La boîte, d’environ 55 cm par 44 cm au sol et 80 à 90 cm de haut, est composée de plusieurs strates superposées, chacune représentant une couche narrative différente, intégrant son et vidéo », explique l’artiste. « Et il y a son couvercle, bombé, qui rappelle une malle au trésor, avec un “œil de cyclope” en guise de phare d’où émerge le dispositif vidéo. »

Boîte immersive ©BastienCapela

Une structure atypique donc, à mi-chemin entre installation muséale et sculpture artistique, qui se déploie dans l’espace d’exposition pour projeter les images animées sur les murs. En entrant dans la salle, le visiteur est tout de suite plongé dans un monde de rêve où le passé et le présent se mélangent.

Une mémoire collective précieusement conservée

Au-delà de cette expérience artistique, cette initiative met également en lumière le travail de fond réalisé chaque jour par les agents des Archives départementales de Loire-Atlantique pour conserver, dans les meilleures conditions, les objets et témoignages anciens. 50 magasins de stockage, maintenus à une température constante de 18°C, à l’abri de la lumière et de la poussière. Une collection gigantesque, car si l’on alignait toutes les boîtes de conservation les unes à la suite des autres, on couvrirait une distance de 38 kilomètres.

Tom Briot

Le Fil Info

Autres articles