Lancée en avril 2024 sous l’impulsion de la députée Sandrine Josso et suspendue au moment de la dissolution de l’Assemblée, la mission gouvernementale sur la soumission chimique a été relancée. Un moyen pour l’État de prendre à bras le corps ce fléau.
Quand la société s’empare du procès des viols de Mazan pour élever la voix des victimes de soumission chimique et de violences sexistes et sexuelles, le gouvernement tend l’oreille. À l’initiative de la députée MoDem Sandrine Josso, elle-même victime, droguée par le sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau en novembre dernier, une mission gouvernementale sur la soumission chimique a été lancée en avril. Stoppée deux mois plus tard au moment de la dissolution, sa relance a été annoncée.
Véronique Guillotin, sénatrice du Grand Est, s’est vu proposer la participation à la mission, en tandem avec la députée initiatrice. « J’ai dit assez rapidement « oui », se souvient-elle. D’abord parce que, issue de profession médicale, je me suis sentie apétente. Et aussi parce que le sujet m’était plutôt méconnu. Il m’a semblé important à creuser. »
Un phénomène « largement sous-évalué »
Ce plan vise à mesurer l’ampleur de ce phénomène, « largement sous-évalué, comme l’a démontré le procès Pélicot arrivé peu après ». Mais aussi à élaborer des propositions, tant dans la sensibilisation que l’accompagnement des victimes et le recueil de leur parole. Les élues mettent un point d’honneur à croire les victimes et les défendre. « Le recueil des preuves est un vrai problème, les traces des substances partent très vite », déplore la sénatrice.
À l’agenda : des tables rondes avec des victimes, professionnels de santé ou encore psychologues et psychiatres au sujet du psychotraumatisme. Des projets de réflexion, aussi, autour d’éventuels profils d’agresseurs ou de propositions juridiques. Des visites, comme celle dans le laboratoire Chemtox, dans le Bas-Rhin, pour étudier les preuves et les substances.
Un « procès pédagogique »
Et les scandales médiatiques récents que sont l’affaire Guerriau-Josso et le procès des viols de Mazan ne font que légitimer l’importance de cette mission du gouvernement. « L’affaire Pélicot a créé un vrai électrochoc, constate Véronique Guillotin. La simple image du GHB dans les soirées festives entre jeunes a été repensée. » Un fléau qui touche « bien au-delà de notre pays », assure-t-elle à propos de ce cas inédit qui n’est « peut-être pas isolé ».
Au-delà de l’urgence institutionnelle, la sénatrice souligne l’importance « pédagogique » de ce procès qui éduque une majorité de la société à un fléau trop méconnu. « On doit saluer le fait que Mme Pélicot ait choisi de le rendre public. À travers sa volonté de faire changer la honte de camp, elle sert le bien commun. »
Par Noé Guitton