Le clivage entre le privé et le public

École privée vs école publique : quelles sont les différences ?

L’enseignement privé et public suscitent un débat récurrent au sein de la société. Un clivage qui ne laisse pas place à la tiédeur. Au-delà des clichés, quelles sont leurs véritables différences ? Décryptage par Romain Marzellière.

Ce conflit de valeurs et de principes entre l’enseignement privé et le public refait régulièrement surface dans les débats de société. Avant toute chose, il convient de replacer l’accès à l’instruction dans son contexte historique.

Un éternel clivage

Pendant des siècles, l’éducation était un privilège réservé à l’élite. Seuls les membres de la noblesse, du clergé et quelques bourgeois fortunés avaient le privilège d’apprendre à lire, écrire et compter. Ce phénomène reste marginal jusqu’à la Révolution française. C’est en 1866 que Jean Macé, sénateur et enseignant, fonde la Ligue de l’enseignement afin de promouvoir une école gratuite, obligatoire et laïque. À cette époque, ces idées suscitent déjà de vifs débats au sein de l’opinion publique. Puis vient l’ère de Jules Ferry, qui instaure, en 1881, une série de lois rendant l’enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 13 ans.

Séparation de l’Église et de l’État

Au début du XXe siècle, la séparation de l’Église et de l’État en 1905 renforce la place de l’école publique, qui devient la norme, tandis que les établissements privés, notamment catholiques, se font plus discrets. Pourtant, ces derniers poursuivent leur développement, adoptant des formes diverses, comme le définit la loi Debré de 1959.

Les écoles privées avec des contrats ?

Aujourd’hui, l’enseignement privé se décline en trois grandes catégories. D’abord, les écoles privées sous contrat, qui constituent la majorité du secteur. En signant un accord avec l’État, elles s’engagent à accueillir tous les élèves sans distinction d’origine, d’opinion ou de croyance. Elles doivent suivre le programme pédagogique instauré par l’éducation nationale. En échange, les enseignants sont rémunérés par l’État, et les collectivités publiques participent au financement de l’établissement à hauteur de celui des écoles publiques. Les familles, quant à elles, doivent verser une contribution financière modérée pour l’entretien des bâtiments par exemple.

Ensuite, viennent les établissements hors contrat, qui fonctionnent en totale indépendance. Ils ont la liberté de choisir leurs méthodes pédagogiques, leurs programmes et le recrutement de leurs enseignants. Ces établissements ne bénéficiant d’aucune aide de l’État, leur financement repose exclusivement sur les frais de scolarité payés par les familles : ils s’autofinancent.

Enfin, il existe l’instruction en famille, une forme d’enseignement qui répond à un cadre légal strict et qui tend à devenir de plus en plus marginale. Une grande partie des écoles privées sous contrat sont d’inspiration catholique (97%). 

Le public, le fruit d’engagements de plusieurs siècles

L’école publique, quant à elle, est le fruit du combat mené par de nombreux réformateurs du XIXe siècle, à commencer par Jules Ferry. Elle est entièrement gratuite, accessible à tous et affranchie de toute influence religieuse, incarnant ainsi le principe de laïcité. Les bâtiments accueillant l’école appartiennent à la municipalité, qui en assure également l’entretien dans sa globalité.

Une répartition peu équilibrée

Sur l’ensemble des élèves scolarisés en France, près de 7 millions fréquentent un établissement public, tandis que seulement 2,2 millions d’élèves sont inscrits dans le privé. Chaque famille demeure libre d’opter pour l’une ou l’autre de ces solutions éducatives en fonction de ses valeurs et de ses attentes. Malgré une organisation et des moyens variables, les objectifs de réussite scolaires sont communs. En Loire-Atlantique, selon le rectorat, on recense 547 écoles publiques contre 261 établissements privés.

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