De la salle de réunion à la salle de classe : elles ont changé de vie pour devenir professeures des écoles

Alors que l’Éducation nationale peine à recruter et que plus de 3 000 postes n’ont pas été pourvus à la dernière session des concours enseignants (Le Monde, Rentrée 2025), certains font le pari de la reconversion. À Nantes, Stéphanie et Virginie ont quitté des carrières bien établies dans le privé pour devenir professeures des écoles. Un virage difficile mais assumé, qui donne du sens à leur quotidien.

Stéphanie, 49 ans, a fait sa première rentrée comme titulaire à l’école du Coudray, dans une classe de CM1-CM2. Il lui aura fallu quatre ans pour décrocher le concours. « C’est un parcours du combattant, surtout quand on a une famille à charge », explique celle qui était auparavant cadre dans le secteur du transport. Après une rupture professionnelle et un besoin profond de changement, elle décide de se lancer. « J’ai dû revoir tout mon mode de vie. Plus les mêmes revenus, plus de stabilité. » Pour tenir, elle multiplie les petits boulots : caissière à temps partiel chez Leclerc, puis ATSEM dans une école maternelle. « Être ATSEM m’a permis de rester proche du terrain, de me projeter. Mais il y a eu des moments de découragement. J’avais l’impression de ne jamais y arriver. »

Malgré les sacrifices, elle tient bon. « Ce n’est pas un métier qu’on choisit par hasard, encore moins à 45 ans. » Aujourd’hui, elle découvre les joies – mais aussi les défis – de l’enseignement : gestion de classe, rythmes intenses, exigences administratives. « C’est loin d’être simple, mais je me sens enfin à ma place. »

« On est consciente de la crise »

Une quête de sens que partage Virginie, 41 ans, maîtresse en petite section à l’école de la Bottière, en réseau d’éducation prioritaire. Ancienne chercheuse en chimie, elle a longtemps travaillé pour de grands laboratoires à Paris. « J’aimais la science, mais je ne me sentais plus utile. L’enseignement s’est imposé comme une évidence. » Après avoir obtenu le concours, elle découvre un monde radicalement différent. « Les journées sont éprouvantes, les situations parfois très dures. Mais il y a une richesse humaine incroyable. Et puis, mes enfants me voient heureuse. »

Alors que les rectorats peinent à trouver des candidats et que le nombre de démissions d’enseignants progresse chaque année (France Stratégie, 2022), leurs témoignages font figure d’exception. Mais ils illustrent aussi un autre visage de l’Éducation nationale : celui de femmes et d’hommes qui y entrent par conviction, en pleine conscience des difficultés. « On est conscientes de la crise, bien sûr. Mais on a choisi ce métier pour ce qu’il représente : transmettre, aider, faire grandir. »

Dans un contexte où les vocations se raréfient, leur engagement interpelle. Et rappelle que, même en pleine tempête, l’école reste un idéal pour lequel certaines et certains sont prêts à tout changer. « On ne vient pas ici pour la gloire ou le salaire », résume Stéphanie. « On vient parce qu’on y croit. »

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